Combativité

Tout le comportement du président Sarkozy, depuis son élection, tend à épater la galerie.
Fort de ses succès en communication, il ne cesse, à travers ses exhibitions et ses déclarations, de surprendre, étonner et quelquefois de scandaliser ses électeurs et ses administrés.

Depuis que la présidence tournante de l’Europe est échue à la France, le succès lui est monté à la tête: pour faire oublier le «non» irlandais au Traité de Lisbonne et la volte-face de la Pologne pour la ratification de ce même traité, il n’a pas trouvé mieux que de choquer la grande majorité de l’opinion publique française en déclarant que le plus grand succès de ses réformes tient à la «loi sur le service minimum.» «Quand il y a grève maintenant, on ne s’en aperçoit même pas», a-t-il précisé avec le rire infantile de celui qui vient de faire une farce à quelqu’un.

Cette déclaration a été reçue comme une humiliation par l’ensemble des syndicats qui sont montés aussitôt au créneau pour protester contre une attitude agressive et un cynisme gratuit. Comment en est-on arrivé là quand celui qui admire Tony Blair se conduit comme Mme Thatcher?

La lente dégradation de l’influence syndicale a commencé dès le début de la guerre froide quand, les fonds du Plan Marshall ont fait détacher un large pan du salariat de la CGT, immense rempart de la classe ouvrière. La création de la FO (force ouvrière) coïncida avec celle de l’Otan et ce fut le seul syndicat qui fut autorisé en Algérie pendant la lutte de Libération nationale.

A côté de la FO, il y a de moindres syndicats créés pour affaiblir la puissante centrale en ratissant dans les tendances diverses: chez les démocrates comme chez les chrétiens. Toute fibre est bonne à titiller pour créer la diversion.

Certains secrétaires généraux de ces syndicats ont mené une politique scandaleuse de collaboration complice avec le patronat français qui vient de porter au pouvoir une classe politique décidée à laminer le syndicalisme.

Les salariés, minés par ces divisions artificielles et menacés par les délocalisations, n’arrivent pas à réagir et à répondre à ce danger mortel. La mondialisation y est pour beaucoup dans l’affaiblissement syndical, car la classe moyenne qui a été longtemps le défenseur des salariés n’existe plus.

L’émiettement syndical est aussi dangereux que le parti unique. Il est aussi contraignant que l’état d’urgence qui permet aux forces de l’ordre de réprimer durement toute manifestation syndicale et de distribuer des coups de matraque aux syndicats autonomes qui ont fort à faire pour éviter les cours de justice.

Mais les luttes sont obstinées: l’Etusa, dont les travailleurs ont déjà fait grève sous Boumediène (au temps de la Rsta), remettent à l’honneur la combativité ouvrière enterrée par le syndicat-maison et le système rentier.

Selim M’SILI

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