L’UPM, un «mariage mixte» risqué ?
L’union pour la Méditerranée (UPM) serait-elle vraiment ce mariage mixte entre la totalité des pays de l’UE et une petite pincée de pays de l’UA qu’on prévoit de consommer en préambule des festivités du 14 juillet sans la Fatiha ?
«L’Europe n’a pas le droit de contourner la Ligue arabe ni l’Union africaine pour traiter avec des pays de ces deux ensembles», reprochait hier le colonel Mouammar Kadhafi lors d’une conférence de presse. Le leader libyen confirmait à l’occasion que son pays n’allait pas participer à ce projet «effrayant». «Je ne tiens pas à ce que mon pays participe à cette salade absurde.
Il n’y a que des problèmes difficiles à attendre (…) Les Etats arabes et nord-africains vont pénétrer sur un champ de mines» en raison des clivages religieux et historiques. Quelle est la personne honnête qui pourra reprocher à Kadhafi sa crainte de voir le projet «diviser la nation arabe et africaine» ? Les préoccupations exprimées publiquement par le président Wade du Sénégal face à ce projet ne sont-elles pas de la même essence ?
Et la France a-t-elle mis beaucoup de temps pour admettre le bien-fondé des inquiétudes de la chancelière allemande Angela Merkel et satisfaire ses volontés ? Notre pays, qui n’a pas caché ses préférences pour l’UM initiale, a fini par faire dire à Sarkozy qu’il sera présent au lancement de l’UPM proeuropéenne.
Une fois le O.K. prononcé sur un ton loin d’être décontracté par Sarkozy, Bouteflika nous révéla que, du côté algérien, il n’y avait pas de réticences mais que des pourparlers. Et on aboutit alors à un accord à l’ancienne : on s’accorda sur la main de la mariée et sur le montant de sa dot sans lui demander son consentement.
La «proie» est destinée non pas à un prince charmant mais au lit d’un riche vieillard plutôt cynique, un savant profiteur dont l’humanisme est internationalement reconnu défaillant. Boukerzaza se chargea de rappeler à tout le monde que personne chez nous n’avait droit à surenchérir quand il s’agit de la décision du chef de la famille vis-à-vis de l’extérieur.
Mais la victime pourra-t-elle prétendre un jour à un divorce à l’amiable ? Car Kadhafi prédit – et rien ne vient démontrer qu’il se trompe – que «ce projet est voué à l’échec». Le dirigeant libyen est-il vraiment dans le faux quand il prévoit que le projet contribuera à «alimenter les actes terroristes de groupes islamistes qui vont le considérer comme un projet de croisés et s’attaqueront en conséquence aux pays musulmans membres» ? Fasse Dieu que l’inventeur d’Isratine se trompe !
Mohamed Zaâf
