Sur le carreau

Il y a des hommes politiques qui parlent beaucoup (comme la plupart des hommes politiques d’ailleurs) et qui agissent ensuite dans le sens de leurs paroles. Il y en a qui tiennent un peu de leurs promesses, ceux qui font le contraire (ils invoqueront toujours les circonstances atténuantes de la mondialisation, des contraintes internationales et d’autres facteurs aussi nombreux comme le changement climatique et autres balivernes).

Il y a, et c’est plus grave, ceux qui oublient leurs promesses. Les Algériens ont connu ce genre d’ailleurs, très répandu sous nos latitudes, qui ont promis monts et merveilles, des lendemains qui chantent etc., etc. Et cela dans presque tous les domaines et dans tous les secteurs. Prenons par exemple le cas de l’émigration.

L’émigration? Un gros morceau de la structure socio-économique de la population algérienne, un pan de la société qui, comme dans la dérive des continents, s’est détaché petit à petit de la mère patrie pour aller mener, au fil du temps, sa propre destinée et que tous les efforts (verbaux!) déployés pour l’arrimer définitivement au corps de la nation, sont demeurés vains.

Les conséquences de l’inconséquence de la politique menée depuis l’Indépendance n’ont fait que grossir le flot des émigrés. C’est le groupe important des Algériens enrôlés ou déplacés pendant la Première Guerre mondiale qui constitua le noyau de la résistance algérienne. C’est dans les classes de la CGT française que se forma la première phalange de patriotes qui allèrent opposer, avec les structures modernes empruntées aux formes de lutte de l’époque, une vive résistance au colonialisme français.

L’ENA ou le PPA/MTLD sont nés en France et la force économique des prolétaires protégés par un syndicalisme très fort et par une sécurité sociale qui faisaient défaut ici, a pesé très lourd dans la mobilisation des ressources qui ont permis au trésor du FLN de se constituer et de créer les conditions matérielles de la lutte de Libération. Nul ne peut contester, aujourd’hui, le rôle important de la Fédération de France dans la lutte de Libération.

Et le premier qui ait compris cela, ce fut Boumediène qui essaya de ramener au bercail, pour réussir sa politique industrielle, ouvriers qualifiés et cadres. Mais comment accueillir toute cette masse d’agents économiques qui mènent une vie normale dans un pays où la démocratie règne, dans des conditions matérielles meilleures que celles qui prévalaient aussi.

D’ailleurs, toute la question est dans la qualité non seulement des salaires, mais aussi des services: la dépréciation du dinar, l’éternelle crise du logement, l’état déplorable des services de santé, le naufrage du système scolaire et des transports, ont été les facteurs décisifs pour dissuader les plus téméraires de revenir ici, du moins vivants.

Alors que nos voisins comptent sur l’apport important de l’épargne de leurs émigrés pour boucler leur budget, les économies de notre diaspora s’évanouissent dans l’informel. Boudiaf a bien essayé de remobiliser les énergies et de titiller la fibre patriotique des patrons qui ont réussi à l’étranger: le temps qui lui a été imparti s’est révélé trop court, raccourci!

Maintenant, alors que certains tablent, pour meubler les espaces créés pour accueillir le touriste, sur l’émigration, on demeure pantois devant la défaillance des services des compagnies aériennes qui, comme chaque année, au départ, comme au retour, affichent complet et laissent une bonne partie de l’émigration sur le carreau.

Selim M’SILI

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