Sous-développement durable

Le sommet du G8 s’ouvre demain à Toyako, au Japon. Il réunira, jusqu’au 9 juillet courant, les chefs d’Etat et de gouvernement des huit pays les plus industrialisés du monde. Il s’agit de l’Allemagne, du Canada, de la Grande-Bretagne, des Etats-Unis d’Amérique, de la France, de l’Italie, de la Russie et du Japon, pays hôte. Les questions de l’environnement, de la lutte contre la pauvreté et des parades à trouver contre la menace d’une crise financière sur l’économie mondiale devraient dominer les travaux de ce sommet.

Ce sont les trois défis majeurs auxquels est confrontée la planète, dira à cet égard le Premier ministre britannique, Gordon Brown. Le sommet se tiendra dans une conjoncture extrêmement défavorable aux pays pauvres, confrontés à un risque de crise alimentaire sans précédent du fait de la hausse des prix des produits alimentaires et de celle, encore plus alarmante, du cours des hydrocarbures.

L’Afrique est le continent le plus durement affecté par cette double conjonction significative de montée des périls. Les dirigeants du G8, qui entendent faire de la lutte contre la pauvreté une priorité, devraient confirmer, à l’occasion du sommet de Toyako, l’engagement d’une aide conséquente à l’Afrique. Lors du sommet du G8 de Gleneagles (Ecosse) en 2005, l’annonce avait été faite que l’aide au continent africain passerait de 250 à 500 milliards de dollars à l’échéance 2010.

Cela ne règle pas pour autant les problèmes quotidiens qui se sont soldés – et pas seulement en Afrique – par des émeutes du pain. La question se pose alors de savoir si le salut réside dans ce qu’il faut bien nommer une politique d’assistanat ou dans la mise en œuvre de stratégies qui permettront rapidement aux pays pauvres de se prendre en charge.

L’avancée du désert, la déforestation, la destruction des superficies agricoles et des cultures traditionnelles sont les fléaux qui se sont abattus de longue date sur le continent africain, qui présente ce paradoxe d’être pauvre alors qu’il regorge de ressources qui font la prospérité justement des pays les plus industrialisés.

Les aides les plus substantielles ne seront pas efficientes si elles ne sont pas accompagnées d’une volonté sincère de laisser les pays africains tirer profit d’un réel transfert des technologies et du savoir-faire nécessaires à leur décollage économique. Les dirigeants du G8 sont assurément dans leur rôle en prônant, de manière répétitive d’ailleurs, une vision généreuse de sortie de crise.

Les décideurs réels, ce sont les multinationales qui dictent la conduite des marchés. L’économie mondiale fait ainsi les frais de pratiques spéculatives qui pourraient porter le baril de pétrole à 250 dollars et créer, sur le plan des disponibilités alimentaires, les conditions d’une famine.

Les dirigeants du G8 sont les mieux placés pour savoir que les pays pauvres subissent le contrecoup d’une industrialisation outrée qui suscite, entre autres effets pervers, le phénomène du réchauffement climatique qui n’est ressenti maintenant comme un danger que dès lors qu’il concerne aussi les pays riches. Au-delà des professions de foi et des déclarations d’intention, il est attendu du somment de Toyako des décisions qui allégeront le monde d’un fardeau : celui du sous-développement durable.

Amine Lotfi

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