Travaux d’Hercule

Etre président de la République algérienne en 2008, ce n’est pas le labeur perpétuel de Sisyphe. Certes. Mais les immenses chantiers de développement et de reconstruction nationale ressemblent quelque peu à des travaux d’Hercule. Un Hercule qui serait algérien. Le discours de 14 pages du président de la République, ministre de la Défense nationale et chef suprême des forces armées devant la haute hiérarchie militaire, énumère en tout cas le gigantisme de l’œuvre à accomplir.

Réconciliation nationale, contrat national économique et social, mal-vivre, pouvoir d’achat, défense et protection des plus fragiles et des plus démunis, investissements, détresse juvénile, emploi des jeunes, instabilité sociale, gestion et démocratie de proximité, décongestion territoriale, les dossiers ne manquent pas et les défis sont immenses.

Ces questions sont autant de chantiers et autant de priorités. Dire alors que le chef du chantier Algérie a encore beaucoup de grains à moudre, du pain sur la planche et du souci à se faire, c’est assurément défoncer une porte béante. Pour lui, la «mère des batailles» algériennes, pour ne pas dire sa «guerre», son djihad suprême, c’est l’emploi des jeunes, priorité nationale numéro un pour les dix années à venir.

Conquérir les cœurs, séduire les esprits des jeunes, leur donner de l’espoir et surtout des perspectives, autant de bonnes raisons pour eux d’apprendre ou de réapprendre à aimer la mère Algérie, sont des travaux plus difficiles que la guerre sans merci livrée à la barbarie terroriste.

Et c’est même une entreprise encore plus compliquée que le processus de professionnalisation et de rajeunissement de l’armée qui suit son cours naturel, normal, depuis plus d’une décennie. L’adaptation de l’outil de défense nationale à la menace non conventionnelle qu’est le péril terroriste et l’acclimatation aux exigences de la modernité et de la mondialisation ont fait de la professionnalisation de l’armée une opération de normalisation aussi nécessaire que banale.

Quid alors de l’annonce tant attendue ou espérée de la révision constitutionnelle ? Comme certains observateurs s’y attendaient, le président de la République n’a pas annoncé la modification de la Constitution. Il en avait le droit et le loisir. La Constitution autant que la personnalité du chef de l’Etat en font le maître du temps, le souverain du calendrier. Ceux qui attendaient la révision constitutionnelle le 5 juillet en ont eu en quelque sorte pour leur grade.

C’est connu, Abdelaziz Bouteflika aime éprouver les gens et le temps qui passe. Ceux qui le connaissent savent, pour reprendre une expression éculée, donner du temps au temps et, surtout, s’en donner. Seuls comptent alors la charge des responsabilités et le poids de l’histoire.

Pour s’en convaincre, il suffit de lire les dernières lignes de son discours, de lire surtout entre les lignes la chute de son texte pour s’en convaincre : «J’ai porté le poids de la responsabilité comme un lourd dépôt, dans des circonstances difficiles.

Avec l’aide de Dieu et le soutien du peuple algérien, j’ai, pour l’assumer, investi le meilleur de moi-même. J’ai donc assumé mes responsabilités sans jamais me montrer chiche de mes efforts et de mes initiatives, toujours fidèle à mes engagements devant le peuple.»

Noureddine Khelassi

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