Le partage mensonger de la prospérité

A Madrid, où se tient une réunion sur le pétrole, les compagnies pétrolières et les grandes puissances montrent les dents. La réunion regroupe pays producteurs et pays consommateurs mais vous avez compris que cela ne concerne pas les pays pauvres mais les pays riches qui vont défendre leurs seuls intérêts en faisant croire qu’ils parlent au nom de tous.

Ils se donnent bien le nom de «communauté internationale» pour zapper l’ONU et taper sur tous les pays qui les dérangent. Ils continuent. Première passe d’armes, ils rejettent toute la responsabilité de la hausse des prix du pétrole sur les pays producteurs.

Pour eux, il n’est question que d’offre insuffisante et pas question des spéculateurs légalement enregistrés à Londres, pas question de crise financière et surtout pas question des menaces sur l’Iran et de destruction de capacités de l’Irak. De là à demander aux pays producteurs de renoncer à leur fiscalité pétrolière pour faire baisser les prix, il n’y a qu’un pas.

Ensuite, ces pays montrent du doigt la consommation «exagérée» des pays émergents, Inde et Chine. Ces pays ont le tort de vouloir se développer. Ils ont dit les mêmes choses pour les céréales. Il y en a moins parce que Chinois et Indiens se mettent à consommer de la viande.

Résultat le plus clair : Chinois et Indiens n’ont pas le droit de consommer ce que consomment les Européens depuis des lustres et des lustres. A titre d’exemple, les pays développés engloutissent 17 barils par an et par personne contre 2,5 barils pour les pays du tiers-monde. Evidemment, si les Africains, les Asiatiques et les Latinos veulent mieux manger, conduire des voitures, avoir de l’électricité dans tous les foyers, ils ne peuvent que prendre sur production disponible et concurrencer les pays de l’OCDE.

Quelle audace ! Comme les pays de l’OCDE ne peuvent freiner la Chine ni l’Inde, ils nous demandent d’augmenter la production pour ramener les prix à leur niveau antérieur, c’est-à-dire loin de la valeur réelle de cette énergie. Ils veulent de l’énergie à bon marché et sur notre dos.

Et le ministre algérien a bien fait de réclamer des garanties de prix futurs s’il nous faut engager les énormes investissements qu’exigent recherche et exploitation. Vous voyez, les prix redescendre avec un excès de l’offre avec tout ce que nous aurions investi ? Bref, une fois de plus, les grandes puissances s’en prennent aux pays pauvres. Elles leur reprochent de vouloir manger mieux, d’avoir un meilleur accès à l’énergie, de rêver d’une vie plus confortable.

Pourtant, ces grandes puissances, en imposant une mondialisation ultra-libérale, nous promettaient la prospérité partagée. Faites comme on vous dit et vous vivrez mieux. Partout, on a fait comme elles ont dit, le malheur s’est abattu sur les peuples. Elles nous ont même proposé de faire comme elles. C’est vrai que nous n’avons pas les moyens de les coloniser, de piller leurs richesses et de réduire leurs peuples à l’esclavage colonial comme elles ont fait avec nous.

Alors, elles pouvaient se proposer comme modèles sans crainte et sans danger pour elles. Le seul fait de payer l’énergie à son prix à peu près correct les enrage et nous reprochent de prétendre à cette prospérité promise par elles. La guerre des riches contre les pauvres n’aura pas cessé et, à mon avis, elle deviendra encore plus féroce.

MOHAMED BOUHAMIDI

Leave a Reply

You must be logged in to post a comment.

intelligence artiste judiciaire personne algériens pays nationale intelligence algérie artistes benchicou renseignement algérie carrefour harga chroniques économique chronique judiciaire économie intelligence chronique alimentaire production art liberté justes histoire citernes sommeil crise alimentaire carrefour économie culture monde temps
 
Fermer
E-mail It