Outrage!

Le jeune auteur de l’infraction détruit le PV de police. Ouhida va…

Le détenu poursuivi pour outrage à fonctionnaires de police dans l’exercice de leurs fonctions, est tout confus. Nous allions même certifier qu’il est habité par une trouille sans pareil depuis qu’il a pris place à la barre face à cette redoutable Sofia Ouhida, la présidente de la section correctionnelle du tribunal de Blida. D’ailleurs, pour bien montrer au détenu ce qu’il avait commis de grave dans ce dossier, elle exhibe une feuille blanche où étaient collés les quatre morceaux du PV déchiré à la face du policier par l’inculpé.

Ce dernier a réalisé le délit depuis belle lurette. Il a même deviné le verdict qui l’attend, mais pas le savon, savamment balancé par cette farouche juge: «Que s’est-il passé? Dites-nous tout et ne faites pas perdre son temps au tribunal qui n’a pas que vous à entendre», marmonne presque la juge qui a juste le temps de réajuster son beau foulard-fichu par-dessus ses épaules et laissant apparaître un beau pan d’une jolie chevelure bien entretenue.

-J’allais à un enterrement…

-Non, pas de sentiment, les faits. Racontez depuis l’infraction jusqu’au délit, tonne encore une fois la juge.

Et comme le détenu ne semblait n’avoir pas saisi le jargon local, la magistrate reprend:
«Pourquoi vous a-t-on verbalisé?
-Je roulais dans une artère à sens interdit, répond, les épaules basses, l’inculpé.

-Très bien. C’est l’infraction. Vous la méritiez ou aviez-vous cette impression de hogra?

-Non, je n’aurais pas dû rouler en sens interdit. Mais comme j’allais à l’enterrement…

-Non, non, non! Pas de sentiments! Allons à l’essentiel. Pourquoi avoir repoussé le boulot de la police. Pourquoi vous en prendre au symbole de l’Etat? Car détruire un document où existe le sceau de l’Etat est en soi un délit.

Aviez-vous une seule raison de faire ce qui vous est reproché ce mardi?», mâchonne la juge.
L’inculpé fait non de la tête, de la bouche et des épaules.
«Je n’ai pas pu maîtriser mes nerfs!»

-Pourquoi? Vous êtes-vous senti agressé? Vous a-t-on battu? Vous a-t-on manqué de respect? Etiez-vous obligé d’outrager? De détruire le reçu? Jusqu’à quand l’Etat et ses institutions vont vivre de pareils moments amers, dégoûtants, voire décourageants pour les commis, agents et chefs de service?
Ce véritable prêche a été monté à juste titre, car à Blida où ailleurs, l’autorité de l’Etat est souvent bafouée et la pierre est jetée dans le jardin de la justice.

Alors, lorsque cette Ouhida sévit, on ne peut qu’applaudir, même si, hélas, en appel, les verdicts sont revus à la baisse. Et c’est peut-être dans cette «trémie» nommée chambre d’appel qu’il faudra creuser pour permettre à l’autorité de l’Etat de se relever.

Pour revenir au délit proprement dit, il faudrait peut-être signaler qu’il est temps pour le justiciable d’ouvrir les yeux et cesser de se croire au-dessus des lois. Un Etat de droit ne commence jamais dans un commissariat.

Il s’y construit à condition que dans ce poste de police, le justiciable se comporte en civilisé, en être cultivé qui sait faire la différence entre l’Etat, le gouvernement et ses attaches chargées de veiller à la bonne marche de la société. Alors, outrages? Oui, mais il faudra accepter d’en payer le prix.

Abdellatif TOUALBIA

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