Le terrible fléau de la corruption

Les plus grands vices et calamités sociales éclosent d’abord, s’épanouissent ensuite, à l’ombre de la loi lorsqu’elle est détournée, lorsque ses failles sont fructifiées, ses vides juridiques soigneusement exploités et surtout lorsque sévit l’impunité, notamment par la non-exécution des décisions de justice.

Le code des marchés publics, pourtant revu, corrigé et adapté aux nouvelles donnes depuis 2002, n’échappe pas à ce détournement de vocation, qui d’instrument de balisage de conduite contractuelle devient, une fois contourné, élément légal de protection du pire fléau qui soit, la corruption.

Bien malin, évidemment, qui pourrait fournir des preuves palpables à cette notoire vérité, mais justement, la corruption tire son ancrage des mœurs publiques, et la longévité de ses ravages dans les rouages économiques et financiers, notamment les contrats soumis à marché avec préalable de soumission, de la chape de silence qui l’entoure et de la gangue de l’omerta qui l’enveloppe, soit par intérêt direct, soit par crainte de représailles.

La corruption est un mal absolument terrible, parce que tout le monde et tout le monde s’en plaint, de l’attribution du marché à la célérité (ou l’interminable retard, c’est selon) des «situations» de travaux finis en passant par mille et un «graissements de la patte» pour l’achat des matériaux de construction, voire, et c’est là le pire, dans l’incitation des contrôleurs du béton à être moins regardants sur la solidité de l’ouvrage.

Mais dès que l’on exhorte le «dénonciateur» de tels écarts à assumer ses dires pour qu’ils soient portés à la connaissance de l’opinion publique et, partant, de l’instance de contrôle, il se rétracte, remballant ses arguments et son témoignage dans les limbes d’un interminable faisceau de prétextes.

Après tout, il faut les comprendre, ces pauvres entrepreneurs (ou même simples citoyens devant un guichet d’état civil) soumis au chantage de minables bureaucratiques qui s’enrichissent devant Dieu et ses créatures sans que personne, en tout cas pas l’autorité publique, ne soit intrigué ni ne fasse montre de curiosité en déclenchant l’enquête «d’où tenez- vous cela ?».

De plus, on ne peut exiger du commun des mortels de se comporter en héros et de risquer d’être blacklisté à cause d’un marché perdu, tout en sachant qu’il n’a que d’infimes chances de voir châtier les coupables qui prennent toutes les précautions pour ne pas être pris la main dans le sac, au sens propre de la formule. C’est justement à ce niveau que doivent intervenir les pouvoirs publics, en pulvérisant l’omerta et son corollaire, la peur des représailles et ce, en rassurant par la protection effective ceux qui ont le courage de dénoncer les malversations corruptives.

L’impact indirect le plus néfaste du terrible fléau de la corruption est qu’il pousse les honnêtes entrepreneurs à fuir la course aux soumissions et à déserter le champ de l’entreprise, laissant ainsi et malgré eux, le terrain libre à tous les malfrats de la honteuse pratique de la corruption, tant active que passive. Le désastre et les ravages induits par la corruption sont beaucoup plus graves qu’on ne l’imagine. Raison de plus pour réagir et pour que le péril en la demeure réveille les consciences des décideurs.

Nadjib Stambouli

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