Vox Populi : les cancres
A la fin des années 1970, nous étions étonnés, mon ami et moi, de voir tous nos amis qui étaient renvoyés du système scolaire s’attrouper matin et soir devant la «kasma du FLN». On croyait qu’ils demandaient la «sadaka». Nous avions de la pitié pour eux.
Alors, à chaque fois qu’on passait dans cette rue, on s’écartait au maximum sans regarder dans leur direction, de peur qu’on nous prenne pour des mendiants ou pour des ratés.
Nous les forts en thème !
Trente ans après, on se trouve, mon ami et moi, attroupés avec d’autres devant la porte d’une mairie, en quête d’un F2.
Une mairie dont les occupants ne sont d’autres que ces cancres, ignorants et illettrés auxquels on avait honte de ressembler. Même le policier qui nous tient en joue avec son bâton est l’un d’eux.
Ça fait cinq ans qu’on est debout devant cette porte. Quand ça sera fini, je vous le dirai.
Kemoukh Mosbah (Chelghoum-Laïd)