Exemples

Chaque fois qu’un de nos responsables politiques prend la parole pour nous éclairer sur la tendance que prendraient ses prochaines décisions, pour nous aiguiller sur le sens de ce que sera notre pays dans les prochaines années, je me sens pris d’une étrange sensation.

En fait, je me sens écartelé par plusieurs tentations. D’abord, vu toutes les tristes expériences et toutes les déconvenues vécues par le pays, je pense tout d’abord bondir vers le récepteur télé pour l’éteindre et aller prendre le livre que j’ai commencé à lire au lendemain du cryptage des chaînes TPS.

Je me suis dit qu’il est temps que ceux qui s’agitent sur le devant de la scène politique arrêtent de prendre les enfants du Bon Dieu pour des canards sauvages et qu’il ne faut pas prendre la lassitude pour de la naïveté.

Quelquefois, mais c’est plus rare, à l’annonce de changement de direction, de régime (dans le sens de train de mesures), je suis envahi par un espoir aussi bref qu’une crise de foi, cela ne dure pas heureusement, du moins jusqu’à ce que je retombe bien sur mes pieds dans la triste et plate réalité d’une quotidienneté désespérante.

Mais, heureusement, la plupart du temps, je suis pris d’un immense et triste fou rire qui trahit la bonne santé mentale de l’individu qui a tant vu, tant bu et tant lu. Le rire, comme chacun le sait, est salutaire pour l’équilibre psychologique d’un citoyen éprouvé par toutes les sornettes répandues par tous les bonimenteurs qui peuplent le landernau de la politique.

Pourtant, quand j’ai vu et entendu M.Belkhadem, chef d’un gouvernement qui surfe allègrement sur un baril à 140 dollars pour un budget calé sur un baril à 19 dollars dévalués, quand je l’ai vu s’extasier devant les miracles de la croissance chinoise, j’ai tout de suite été embarqué dans la machine à voyager dans le temps de ce cher G.H.Wells. Il faut souligner, cependant, que M.Belkhadem a pris la précaution de préciser que l’exemple chinois devra être adapté aux traditions nationales.

Donc, je me suis senti tout de suite transporté en 1963, en pleine prohibition, à l’époque où le duo Ben Bella-Boumediene avait décidé de donner au régime une orientation socialiste. Malgré le climat de prohibition, le président ne cessait de montrer comme exemples à suivre, la Révolution cubaine et ses grands mouvements populaires de masse et le mode de gestion yougoslave: l’autogestion.

Histoire de montrer à l’Occident que le régime se tient à égale distance du capitalisme et du socialisme scientifique. C’était l’époque glorieuse des grands volontariats et de l’irruption du cinéma soviétique.
Il est inutile de revenir sur les tâtonnements, les déboires, les échecs des entreprises autogérées, des nationalisations, des réformes agraires, de la GSE ou du SGT.

Les années 80, le régime changea de disque et la télé nous abreuva des réussites spectaculaires d’entrepreneurs audacieux en Australie ou dans les pays asiatiques qualifiés de jeunes dragons. Les restructurations criminelles accompagnaient cette propagande sournoise.

Aujourd’hui, on est tenté de suivre l’exemple chinois, mais ce que semblent oublier les victimes du syndrome mimétique, c’est que la Chine est un pays à l’échelle d’un continent, qu’elle possède un tissu industriel très dense, qui menace dangereusement la santé économique des pays européens et nord-américains. Il faut se rappeler qu’elle est alimentairement indépendante.

Ce serait superflu d’ajouter que c’est une puissance nucléaire qui possède un savoir scientifique exceptionnel. Rappelons toutefois, qu’on n’a pas entendu que le régime chinois planifiait la construction de pagodes à l’échelle de leur peuple. N’oublions pas aussi que c’est elle qui construit nos routes, nos barrages et nous vend autos et mille autres babioles.

Avant de penser à suivre l’exemple chinois, imitons d’abord nos modestes voisins: la Tunisie et le Maroc qui, sans hydrocarbures, s’en sortent très bien. Ce n’est pas chinois!

Selim M’SILI

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