Suspense en audience

Nassim G. 22 piges. Il croupit en taule pour un délit qu’il rejette en détail et en bloc, voire.

Devant les pleurs incessants du détenu, le président ne voit pas d’un oeil fixe les PV d’audition…
Il n’y a de pire nouvelle que l’annonce-pour un jeune détenu inculpé d’usage de stups- du verdict, qui sera faite en fin d’audience. Nassim aura attendu seize heures pour connaître la joie des retrouvailles avec la liberté. Le procès a eu lieu vers les 10 heures. Six heures d’angoisse.

Six heures de sueur, six heures d’attente interminable. Le juge dévisage le gus: «On s’est déjà vus, vous et moi?» demande à moitié perplexe le magistrat. L’inculpé ne tient pas en place. Il répond que non. Qu’il n’a jamais mis les pieds dans un poste de police. D’ailleurs, Maître Lamouri, son fougueux conseil dansera la danse des «Sioux» à l’aube sous «Fort Alamo» avant l’assaut fatidique.

«Monsieur le président, laissez-moi attirer votre attention sur le casier! Vierge! Vide! Ouallou! Maintenant, si vous avez cette impression de déjà vu, tous les ados issus de l’école fondamentale se ressemblent. Ils ont la même tête surtout lorsqu’ils ont des ennuis» a presque hurlé l’avocat de Dar El Beïda qui sera au bord de l’émotion devant ce «pleurnichard» de détenu.

«Monsieur le président, je vous conjure de me rendre ma liberté. Ces quelques jours en prison m’ont effarouché vous n’avez aucune idée de ce que j’ai vu, vécu, subi à 22 ans. On s’est trompé sur ma personne je jure mille fois. S.V.P et merci», avait pleuré Nassim G. lorsqu’il a eu l’autorisation du président du tribunal et de l’audience correctionnelle «flagrant délit» du mardi, de dire, le dire, le dernier mot.

Le jeune inculpé en a récité exactement cinquante! et nous étions en fin d’audience lorsque le magistrat avait lu les verdicts laissés en petit «examen» juste pour examiner les demandes technico-robotiques de l’énigmatique et néanmoins sympathique représentant du ministère public qui avait requis un dur six mois de prison ferme.

Heureusement pour l’inculpé, il avait pour défenseur, l’immense Lamouri Benouadhah, cet avocat talentueux aux arguments plus émouvants, aussi «secs» que les larmes de la maman de Nassim qui ne suivait pas les débats. Il n’a fait que nier, s’estimant offensé. Pour lui, c’est une méprise…Les faits ont deux faces, deux versions, deux arguments, deux drames, deux suppositions, deux tracas, deux soucis.

Nassim est un revendeur de vêtements «made in» qui a été pris en flagrant délit de détention de stups selon l’inculpation; en flagrant délit d’état d’ébriété selon la défense.

«On sent l’odeur de l’alcool mais elle n’a rien à voir avec la découverte, cinq mètres plus loin, de la drogue», s’est écrié l’avocat qui ne demandera que la relaxe ou à défaut, si le président retenait l’état d’ivresse, une peine avec sursis. Le dilemme pour le tribunal était que les stups ont été trouvés mais le rapport ne précise pas où chez l’ado. Doute donc.

Or, cette came appartient bien à quelqu’un. Rien que pour ces hypothèses, Nassim bénéficie du sursis et comme pour ne dévaloriser ni le parquet et ses demandes, ni les policiers qui s’échinent à traquer les drogués, une peine de prison de six mois a été prononcée.

«Le sursis est bon» commente, heureux le conseil.

«Mais c’est une arme à double tranchant, Nassim devra se tenir et bien se tenir car il a cinq ans…»
Il est vrai que la justice peut se montrer magnanime mais pas toujours. Attention, les jeunes!

Abdellatif TOUALBIA

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