L’Union européenne donne l’estocade à l’UPM
Les espaces de dialogue que l’Europe entend créer avec le Sud relèvent d’une stratégie qui consiste à faire à des espaces informels et sans consistance politique, ce que l’espace européen ne peut assumer.
Ce fut le cas du processus de Barcelone et c’est le cas aujourd’hui de l’union pour la Méditerranée.
Ce sont des espaces conçus pour échouer, ou du moins pour servir de fusibles à une Europe stratégiquement engagée sur des intérêts où Israël occupe une place de choix. Pendant que ces forums stériles nourrissent du côté du Sud des espoirs tout aussi stériles sur des questions de développement, de circulation des biens et des personnes, d’aides financières et surtout de rétablissement des droits des peuples, des dossiers très importants pour l’Europe sont, en revanche, très bien gérés au sein de ces mêmes espaces qu’ils soient d’ordre économique, sécuritaire ou politique.
L’UPM est cette même sauce destinée à assaisonner une salade à l’européenne dont la finalité est de nourrir l’appétit européen et le temps israélien, tout en laissant sur leur faim Arabes, Maghrébins et autres Africains.
Au bout du parcours, l’on dira, après que l’Europe aura servi ses alliés stratégiques et qu’elle se sera servie, que l’espace de l’Union pour la Méditerranée n’a pas réussi. On ne dira pas qu’Israël a menti, que l’Europe a failli et que les pays tiers-méditerranéens ont été abusés.
Pendant ce temps-là, l’UE coopère avec Israël et avec le reste du monde, s’accommodant bien d’un espace qui protège ses intérêts, menacés aujourd’hui, dans cette région, par une offensive économique et politique des quatre coins du monde, dont celles redoutées des Américains et des Chinois. L’UPM est comparable à une salle d’attente où l’on voudrait masser des Etats, pendant que le train de la mondialisation court son chemin. Alors, qui a encore le temps d’attendre ?
18-06-2008
Farès N.