Stade qualitatif supérieur
De nombreux signaux de réconfort émanent ces jours-ci du monde des producteurs de richesses matérielles, non pas tant du point de vue des réalisations proprement dites, mais au niveau des perceptions par les acteurs économiques, principalement privés, de leurs propres activités.
Pour ce seul début de semaine, deux importantes rencontres ont déroulé les ambitions des managers algériens de ne plus se suffire de leur vocation strictement productive, mais de s’atteler, a contrario de cette vision qui a prévalu à ce jour, à insérer leur activité de gestionnaires dans un schéma intellectuel où la compétence agit et se voit agir, en s’élevant à la réflexion dans un faisceau de préoccupations plurielles qui convergent toutes vers l’objectif de toute entreprise, la performance.
Une première rencontre a permis d’aborder «l’intelligence économique», d’analyser le concept et d’approfondir les approches sur la nécessité vitale pour tout promoteur industriel ou manager de «se mettre à niveau» dans ce domaine, s’il est mû par une volonté de s’inscrire résolument dans l’environnement moderne qui n’offre d’autre alternative que de s’inclure ou de s’exclure.
Ce concept d’«intelligence économique» est gorgé et même connoté d’une kyrielle de sens plus ou moins mérités, mais qu’on peut résumer par la nécessité de s’armer du maximum d’informations concernant son secteur, son produit, ses concurrents, etc. En soi, le fait de s’élever à de telles préoccupations est réjouissant quant à la santé de la compétence de nos managers qui, à l’instar de Rebrab, ont décliné leur intérêt pour cette question sensible par leur participation active.
La deuxième rencontre, autour de l’agroalimentaire, marque sans conteste un passage qualitatif supérieur dans la perception tant des industriels que des agriculteurs, de leur point de confluence, qui est précisément l’industrie à base de produits agricoles, fruits, légumes, céréales et autres essences.
Sans entrer dans les détails de ce premier conclave, ce qui est à retenir est l’esprit même de l’initiative, qui est de s’associer, de discuter des besoins est de coordonner les approches pour donner un contenu concret à la notion de partenariat de deux secteurs appelés à être de plus en plus dépendants dans les économies modernes.
Justement, et ce n’est pas un hasard si l’on retrouve Rebrab au centre de cette activité rassembleuse dans le sens le plus efficient du terme, il ressort déjà qu’industriels et agriculteurs ont saisi à sa juste mesure l’évidence qu’exporter des fruits ou légumes frais est un vœu voué à l’échec, au vu de la concurrence internationale, et que seule «la mise en boite» ou en bouteille peut constituer une issue à ce débouché vital.
La Chambre de l’agriculture et le Forum des chefs d’entreprise ont fait montre d’un esprit de grande maturité en lançant cette passerelle d’échanges d’informations et de coordination. Une économie dont les principaux acteurs prennent conscience de l’imbrication entre deux ou plusieurs secteurs, et qui surtout ne s’arrêtent pas à des professions de foi et des vœux pieux, mais organisent le marché et le circuit les plus souples et mutuellement avantageux de cette interdépendance est une économie sauvée. C’est là un constat qu’on a si peu souvent l’occasion d’arborer au fronton de nos états des lieux, alors ne boudons pas notre plaisir…
Nadjib Stambouli