Dites-nous votre logique, Mme Rice!
Venant de Paris, où elle assista à une conférence de donateurs pour l’Afghanistan, la secrétaire d’Etat américaine, Condoleezza Rice, était de nouveau, hier, au Proche-Orient pour, indiquent ses services, tenter de «réanimer» des pourparlers de paix «moribonds».
Certes! On se perd toutefois en conjectures sur la logique des agissements de la Maison-Blanche et du département d’Etat américain quant au dossier du Proche-Orient en général et la question palestinienne, en particulier. Il est patent que l’administration Bush n’a strictement rien fait ces dernières années dans le sens d’une véritable prise en charge d’un processus de paix, otage du diktat israélien.
Les déclarations lénifiantes du président George W.Bush ne changent rien à la problématique qui est, et reste, l’édification d’un Etat palestinien indépendant sur les frontières des territoires palestiniens occupés en juin 1967. La Conférence d’Annapolis (Etats-Unis), tenue le 27 novembre dernier était censée redynamiser le processus de paix.
Or, depuis cette conférence, annoncée à grand bruit, aucune avancée n’a été constatée et les sept visites de Mme Rice dans la région n’ont en rien influé sur un processus de paix plus que jamais piégé par l’irrédentisme israélien. Comment cela pouvait-il en être autrement lorsque dans le même temps où l’Etat hébreu parle de paix? il commettait en parallèle des actes qui plombaient chaque jour un peu plus le processus et éloignaient d’autant plus la paix.
Comment peut-on en effet, parler de paix et dans le même temps créer des situations (construction de milliers de logements qui empiètent sur les territoires palestiniens, judaïsation accélérée de Jérusalem-Est, colonisation rampante du nord de la Cisjordanie) qui entravent durablement le processus de paix, amenuisent les chances d’édification d’un Etat palestinien et rendent sans objet les négociations israélo-palestiniennes.
En fait, tout cela s’apparente à des jeux de rôle qui permettent à Israël et à son mentor américain de gagner du temps. En effet, en fonction de quel raisonnement, Mme Rice, qui se contente de réitérer des positions de principe - alors que se poursuit la colonisation qui défigure la Cisjordanie - peut-elle affirmer, comme elle le faisait hier, qu’«il faut se concentrer maintenant, c’est un règlement politique entre les deux parties»?
Quel règlement et pour quelle Palestine, quand la colonisation ronge, au fil des jours, le peu d’homogénéité qui reste des territoires palestiniens? L’administration Bush qui a laissé pourrir, durant deux mandats, la situation au Proche-Orient, prétend trouver, à quelques mois de la fin de sa magistrature, une issue à un dossier en souffrance depuis des décennies.
Ce n’est pas sérieux et les va-et-vient de Mme Rice au Proche-Orient ne sont, tout compte fait, qu’une insulte à l’intelligence des peuples de cette région et singulièrement aux Palestiniens - pauvres dindons de la farce -, qui veulent tellement croire en une administration qui s’est tant de fois jouée d’eux.
Dites-nous, Mme Rice, c’est admissible, des gens qui embastillent d’autres dans des «bantoustans», édifient autour d’eux des murs, construisent des logements sur leurs terres, transforment leur ville la plus sacrée, El Qods, et affirment uniment négocier la paix avec eux? Vous y croyez, vous à cette logique? Nous (qui sommes un peu naïfs?), nous n’y croyons pas du tout!
Karim MOHSEN