Vérité
Pour le commun des citoyens aujourd’hui, jamais l’Algérie n’aurait pu obtenir son indépendance sans l’appui matériel et politique des régimes de Bourguiba en Tunisie et du roi Mohammed V puis de son fils Hassan II au Maroc.
À l’heure où le projet du Grand Maghreb paraît plus que jamais plombé, à cause des divergences politiques, notamment entre l’Algérie et le Maroc, sur la question sahraouie, les propos de Daho Ould Kablia n’incitent guère à l’optimisme. C’est même à désespérer de voir finalement un jour cette union qui a fait rêver des générations de “maghrébistes” se concrétiser.
En effet, les vérités livrées par le responsable des anciens du Malg sont autant de preuves historiques à charge contre la fraternité maghrébine, qui fait pourtant partie de ce qu’on peut considérer comme des constantes du discours politique.
Tous les responsables nationaux de l’époque le disent : l’Égypte de Nasser avait accepté de parrainer la Révolution algérienne tout en se posant comme son tuteur politique. D’aucuns soutiennent même que le sort de Abane Ramdane était scellé le jour où il avait revendiqué l’autonomie de cette révolution à l’égard de l’Orient et de l’Occident.
En revanche, il ne viendrait à l’esprit de personne d’avoir le moindre doute sur le soutien des frères marocains et tunisiens au combat pour la libération du pays du joug colonial français. Pour le commun des citoyens aujourd’hui, jamais l’Algérie n’aurait pu obtenir son indépendance sans l’appui matériel et politique des régimes de Bourguiba en Tunisie et du roi Mohammed V puis de son fils Hassan II au Maroc.
Et c’est un peu la douche écossaise d’apprendre maintenant de la bouche même de Daho Ould Kablia, “un malgache” et Dieu sait l’importance de Malg durant la Révolution, que les choses ne se passaient pas toujours comme on a bien voulu le faire accroire, c’est-à-dire dans un climat de fraternité et de solidarité.
La question est de savoir pourquoi cette sortie, et maintenant, précisément, de M. Ould Kablia. Simple coïncidence ? Y a-t-il un rapport direct avec tous les enjeux politico-stratégiques qui agitent actuellement la Maghreb et plus généralement les pays de la rive sud de la Méditerranée ? Ou bien a-t-il simplement voulu se situer sur le plan de la vérité historique pour apporter son témoignage en tant qu’acteur de l’époque ?
N. Sebti