CHINDIA : CHINE + INDE

Chindia : ce néologisme désigne un géant qui fait irruption dans le club fermé des puissances économiques de ce siècle. Une croissance économique forte, rapide et durable bien que relevant de deux modèles différents, mais aussi des déséquilibres internes et externes semblables, des finances publiques quelque peu dégradées, des agressions écologiques difficilement soutenables, des infrastructures «sociales» qui restent à améliorer, des monnaies nationales sous-évaluées.

Mais la Chine (1,3 milliard d’habitants) est la quatrième économie du monde avec 10% de croissance moyenne annuelle depuis 25 ans et l’Inde (1,1 milliard d’habitants), la sixième avec une croissance moyenne annuelle de 6,5% depuis 15 ans. En 2003 et 2004 elle a été de 8,5%. La part de la Chine dans le PIB mondial est passée de 2,9% en 1980 à 5,5% en 2006. Sa part dans les exportations mondiales est passée de 1,2% en 1983 à 7,5% en 2005.

La part de l’Inde dans le PIB mondial était de 1,6% en 1980 et 1,8% en 2006. Sa part dans les exportations mondiales est pour l’instant modeste : elle est passée de 0,5% en 1983 à 0,9% en 2005. Dans les deux pays, en moyenne nationale la pauvreté a reculé. Entre 1980 et 2004, l’indice de développement humain est passé de 0,560 à 0,768 en Chine et de 0,439 à 0,611 en Inde. Mais les inégalités ont augmenté dans les deux pays et la grande masse de la population y reste pauvre.

17% de la population chinoise survit avec moins de 1 dollar par jour (35% en Inde) et 47% des Chinois vivent avec moins de 2 dollars par jour (80% en Inde). La flambée des prix du pétrole, notamment depuis 2004, est imputée en grande partie à la voracité énergétique de Chindia qui importe 5,3 millions de barils/jour actuellement et qui importera 12 millions barils/jour en 2020. La consommation mondiale de pétrole est la suivante (1990-2006- 2020).

Mb/j Chine Inde USA Europe Monde
Consommation 1990 2,3 1,2 17,0 13,7 66,6
2006 7,2 2,6 21,1 15,5 84,5
2020 12-13 3,7 - 4,5 24,8 15,8 105,0

Source AIE

La Chine importe 58% de ses besoins en pétrole et l’Inde 70% (en 2005).

Chindia et l’Afrique

La Chine et l’Inde développent de plus en plus leurs relations industrielles et commerciales avec l’Afrique. Ces deux pays, dont les économies sont en plein boom, sont à la recherche constante de matières premières et le continent africain en dispose en abondance. D’un autre côté, les marchés africains en pleine expansion sous les effets de l’ascension sociale de leurs populations constituent des débouchés non négligeables pour la Chine et l’Inde dont les produits, peu coûteux, sont recherchés par les populations africaines à revenus modestes.

L’Afrique représente tout de même un marché de 300 millions de consommateurs. De son côté, l’Afrique exporte de plus en plus de produits et pas seulement du pétrole ou des minéraux sur les marchés indiens et chinois en pleine expansion (matières premières alimentaires, coton …). Les exportations d’Afrique vers l’Asie ont triplé en valeur et en dollars au cours des 5 dernières années : l’Asie est ainsi le 3e partenaire commercial de l’Afrique (27% du total) après l’Union européenne (32%) et les USA (29%). (cf. «Eclairages» Crédit Agricole n° 111. Mai 2007).

De leur côté, les exportations asiatiques vers l’Afrique augmentent à un rythme moyen annuel de 18%, le rythme le plus rapide partout dans le monde. Le commerce de l’Afrique avec la Chine et l’Inde reste encore à développer et les perspectives sont prometteuses : les exportations africaines qui vont vers l’Asie ne constituent encore que 1,6% du total des importations asiatiques et les achats indiens et chinois ne représentent que 13% du total des exportations africaines.

Dans le commerce Afrique- Chindia, il y a encore de la marge. C’est dans le domaine des investissements directs étrangers (IDE) que l’Afrique attend toujours les investisseurs chinois et indiens. Le stock des investissements directs chinois en Afrique est inférieur à 2 milliards de dollars US. Les IDE reçus en Afrique sont pour leur très grande partie orientés vers les secteurs miniers (y compris le pétrole), mais ils commencent à s’intéresser aux secteurs manufacturiers (agroalimentaire, confection, aquaculture, immobilier, transports, tourisme et télécommunications).

Mais les IDE hors secteurs miniers et pétrole que reçoit l’Afrique sont pour le moment peu significatifs. La Chine et l’Inde déploient une véritable stratégie d’implantation en Afrique par des systèmes d’aide au développement des échanges. La China Export-Import Bank et l’India Export-Import Bank soutiennent, chacune pour les opérateurs de leurs pays respectifs, les investissements des Chinois et des Indiens en Afrique ainsi que le développement des échanges commerciaux avec le continent africain : crédits acheteurs, crédits fournisseurs, prêts confessionnels, garanties internationales.

L’Afrique avec une croissance économique moyenne annuelle de +5%, une situation financière extérieure qui a largement bénéficié d’une vaste annulation consentie par les créanciers publics et une balance des paiements équilibrée et quelquefois même excédentaire, intéresse de plus en plus Chindia aussi bien en tant que marché d’exportations que source d’approvisionnement en pétrole, matières premières et autres minéraux.

Abdelmadjid Bouzidi

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