Échec politique et tentation islamiste

Après avoir fait le tour du monde, l’affaire Habiba sera tranchée aujourd’hui par le tribunal de Tiaret. Il y a quelque peine à constater la médiatisation d’une jeune femme qui s’en serait bien passée et qui, sûrement, était loin de penser que son intime processus de conversion allait mettre en émoi des institutions, en danger sa liberté et en alerte les opinions.

La répression morale et religieuse est en passe de constituer une activité nationale dans les prochains temps.

Il faut bien trouver des thèmes à la campagne électorale qui doit nous occuper dans les mois à venir, en effet. Car, révision de la Constitution ou pas, troisième mandat ou pas, il faut bien que le régime fasse campagne, ne serait-ce que pour justifier la convocation du corps électoral.

Or, les récents rendez-vous électoraux l’ont montré : les Algériens ne se sentent plus concernés par un rituel qui sert à légitimer l’équilibre clanique et le mode de partage de la rente. Cette fois-ci, non plus, il ne sera donc pas aisé de les attirer vers les bureaux de vote. En entonnant la partition du rigorisme et en délaissant les thèmes de son programme politique, le pouvoir avoue l’échec de sa gestion : il ne pourra pas y puiser ses arguments de campagne.

Les rengaines creuses autour de “la paix revenue”, de” la place retrouvée de l’Algérie dans le concert des nations”, de “la relance du développement”, pas plus que les réformes mort-nées de l’école, de la justice et de l’administration ne peuvent tenir lieu de bilan de promotion de la gestion du régime.

Sans compter les effets négatifs de sa gouvernance : les années 2000 n’ont marqué aucune avancée sociale, sur les fronts du logement et de l’emploi notamment, malgré la manne pétrolière ; elles ont plutôt constitué une véritable décennie noire, en matière de corruption et de répression des libertés, du fait de la manne pétrolière.

Le discours programmatique ayant fait la démonstration de sa vanité, le pouvoir semble donc résigné à abandonner le discours de réforme et de relance pour s’appuyer sur l’argument de résurgence morale et religieuse.

Il compte ainsi consolider l’implication déjà manifeste des zaouïas et confréries dans le soutien au régime, et peut-être aussi neutraliser, par l’inquisition et la surenchère religieuses, les exigences des islamistes “repentis” et de leurs sponsors et adeptes.

À ce sujet, l’État s’est déjà fait peur par la voix de Ksentini qui “craint” une campagne médiatique et politique internationale des terroristes mécontents de n’avoir pas eu un accueil à la hauteur de leurs espérances ou des promesses officielles.

Et Ould-Abbès n’arrête pas de compter et de recompter les sommes dévolues aux indemnités des terroristes élargis et les dossiers des “personnes impliquées dans la tragédie nationale”.

L’étonnante déclaration du Chef du gouvernement proclamant le Coran “Constitution de la société algérienne” illustre ce changement tactique. Et comme autres preuves de pieuse bonne volonté, nous ne manquerons certainement pas de vivre d’autres procès en sorcellerie.

Étrange tournure des choses : après avoir décrété l’absolution des terroristes tueurs d’hérétiques, sous prétexte de “réconciliation”, le régime veut, à son tour, se légitimer par la guerre aux hérésies !

Mustapha Hammouche

Leave a Reply

You must be logged in to post a comment.

intelligence artiste judiciaire personne algériens pays nationale intelligence algérie artistes benchicou renseignement algérie carrefour harga chroniques économique chronique judiciaire économie intelligence chronique alimentaire production art liberté justes histoire citernes sommeil crise alimentaire carrefour économie culture monde temps
 
Fermer
E-mail It