Alerte enlèvements

Le 1er juillet 2007, lors d’une cérémonie à l’Ecole de police de Aïn Benian, le ministre de l’Intérieur annonçait la création d’unités spéciales contre le crime organisé et les kidnappings. Près d’un an plus tard, le 16 mai dernier, devant le Conseil de la nation, Yazid Zerhouni se contentait de livrer les chiffres effrayants des enlèvements. 375 personnes ont été enlevées en 2007 et 120 milliards de centimes ont été engrangés par les ravisseurs. La Kabylie, transformée à son corps défendant en quartier général du GSPC, est la plus touchée par ce phénomène nouveau devenu un véritable business.

Les 26 enlèvements enregistrés dans la région ne sont que la partie visible de l’iceberg. Les dernières nouvelles provenant du « front » des kidnappings attestent que la menace gagne en intensité dans de nombreuses localités. Les entrepreneurs et les hommes d’affaires vivent dans le silence une pression intenable qui les a fait déserter leurs chantiers et leurs entreprises. Maâtkas n’est plus le centre de gravité du rapt, d’autres localités ont vu s’installer des groupes armés, à mi-chemin entre la maffia et le GSPC, qui ont fait tomber une chape de plomb sur la vie économique.

Des zones de non-droit sont en train de se constituer, à l’exemple de Tadmaït, à 20 km à l’est de Tizi Ouzou, où la zone d’activité est à l’arrêt et où les gangs agissent au grand jour. Les services de sécurité sont dépassés, se contentant de renouveler les consignes de prudence. Le recul de l’autorité de l’Etat est incontestable et la dernière opération antiterroriste ayant permis de neutraliser un individu armé à la Nouvelle-Ville de Tizi Ouzou n’est que l’arbre qui cache la forêt.

L’élimination d’un terroriste dans un immeuble au chef-lieu de wilaya inquiète, en fait, plus qu’elle ne rassure. L’hydre terroriste a débordé des maquis de la région et a réussi à étaler ses tentacules dans les centres urbains. La sûreté de wilaya a rendu public un communiqué saluant la population pour avoir « contribué à la localisation » du terroriste, comme si l’engagement d’une opération sur la base de renseignements est un fait extraordinaire.

Le renseignement devait être le premier métier des services engagés dans la lutte antiterroriste et ce sont ces lacunes qui ont permis aux islamistes armés de perdurer à travers le pays. Les dernières déclarations du ministre de l’Intérieur à propos des groupes armés qui se déplacent d’une région à une autre pour fuir la pression des services de sécurité sont en décalage par rapport à la réalité. Les foyers terroristes n’ont jamais été durablement enrayés.

Les attentats continuent d’être enregistrés dans différentes régions du pays selon un scénario vieux de 15 ans. La lutte antiterroriste a été dominée par des effets d’annonce, et l’on vient d’apprendre, de la bouche de Yazid Zerhouni, s’exprimant depuis Nouakchott, que 4 milliards d’euros ont été consacrés au renforcement des moyens des services de sécurité, dont les effectifs devront doubler d’ici à 2010. En attendant, beaucoup d’Algériens continuent de subir le diktat des terroristes.

Djaffar Tamani

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