Un malade peut-il soigner un autre malade?

Que faut-il penser de la convention signée hier entre le ministère de la Santé et Algérie Télécom en vue de relier les structures hospitalières du pays entre elles par un réseau Intranet d’ici à fin 2009? On aura beau être d’un optimisme à toute épreuve et saluer toute introduction des technologies nouvelles là où elles peuvent l’être, dans le cas présent on bute sur l’image du costume haut de gamme qu’on veut enfiler sur des sous-vêtements repoussants. Comment être dans de meilleures dispositions quand on voit l’utilisation faite de l’Internet par cette même institution? Quand on visite le site Web du ministère de la Santé par exemple.

Aucune information utile. Il y a bien un lien vers les directions de la santé publique (DSP) mais ce n’est qu’une liste des 48 wilayas sans adresses, sans numéros de téléphone, sans le nom du directeur. Une seule DSP, celle de Aïn Defla, a eu l’intelligence de créer son propre site. La dernière actualité mise en ligne par le ministère date de février dernier.

Un site sans grande utilité publique qui ne semble être là que pour garnir un bilan de pure façade. Dès lors, comment croire qu’il en sera autrement pour ce réseau Intranet? Il faut en finir avec ce jeu en trompe-l’oeil dont se servent nos responsables pour faire croire qu’ils travaillent au développement de leurs secteurs. Car il en va de la santé comme de beaucoup d’autres secteurs. Un jeu qui grève le Trésor public inutilement. Et si les membres du gouvernement eux-mêmes jouent à ce jeu-là, il ne faut pas s’attendre à mieux au bas de l’échelle. Et par extension, de la société dans son ensemble.

Pour notre malheur, les variantes de ce jeu sont multiples. Comme cette récente fermeture de cliniques privées «pour manquement à l’hygiène et non-conformité» qui n’est pas contestable en soi. Sauf que les mêmes manquements existent depuis belle lurette, et en plus, accentués dans le secteur public sans qu’aucune sanction ne soit prise pour mettre le holà.

Ici et là pourtant, ce sont toujours les malades qui trinquent. Ou encore «ces médecins touristes» comme les désigne très justement le conseil de l’Ordre des médecins algériens qui viennent de l’étranger, le temps d’un week-end, pour des actes médicaux qu’ils se font payer à prix d’or. Des «touristes» qui laissent le soin du suivi des malades aux médecins locaux totalement étrangers aux actes en question. Des «touristes» dont on se demande comment se fait le transfert de leurs faramineux honoraires. Ce sont là quelques-uns des «sous-vêtements» pas très nets sur lesquels on veut mettre de beaux costumes.

Encore une fois, aucune personne sensée ne peut être contre l’introduction et même la généralisation des nouvelles technologies dans le fonctionnement de nos institutions. Ce qui révolte c’est cette manie de nos responsables d’y recourir pour essayer de cacher la poussière sous le tapis. Il faut vraiment en finir avec ce jeu!

Zouhir MEBARKI

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