Bonne nouvelle
La France, qui passait pour faire la pluie et le beau temps en Algérie, ne saurait plus, à la veille de 2009, comment que le pouvoir s’organise et fonctionne en Algérie. La Direction des affaires stratégiques du ministère français de la Défense a lancé un appel d’offres pour une étude destinée à renseigner là-dessus.
La France aurait-elle à ce point perdu pied en Algérie alors qu’elle y dispose de sa plus grande ambassade à travers l’univers et ses environs ? Par le passé, beaucoup de pays inclinaient à voir l’Algérie avec des lunettes françaises plus déformantes qu’autre chose. Une époque où on maintenait coûte que coûte le mythe autour d’une Algérie «chasse gardée»de la France. Un mythe qui, aujourd’hui, fait un grand plouf lorsqu’on voit Robert Ford, l’ambassadeur américain, occuper la scène algérienne plus que son pair français Bernard Bajolet et que les Algériens tournent de plus en plus leur regard en direction du soleil levant.
En réalité, l’avènement de Bouteflika a contribué à l’effritement d’un mythe qui allait jusqu’à autoriser à penser que la France n’était point étrangère à l’organisation du pouvoir chez nous. Une ingérence qui ne disait pas son nom et qui se faisait plus discrète que l’appel d’offres lancé de nos jours par le ministère français de la Défense !
Un appel d’offres qui, en vérité, n’a pas besoin d’être, étant donné que la curiosité française peut être satisfaite sans recourir à des initiatives qui, en plus d’être coûteuses, ne garantissent en rien l’efficacité du résultat. Il suffirait juste d’une petite ingérence supplémentaire de Bernard Kouchner pour se rapprocher de M. Mohamed Cherif Abbas et de se faire expliquer sur la nature du pouvoir en Algérie.
Notre ministre des Moudjahidine est en mesure de lui décortiquer la nature du pouvoir de chez nous et même la nature du pouvoir de chez lui. Que la France avoue implicitement avoir perdu ses repères et ses relais, est-ce là un événement qui peut chagriner ailleurs que dans la citadelle de hizb frança ? Que la France puisse être maintenue à distance de la décision nationale ne peut, en revanche, que réjouir les Algériens jaloux de leur souveraineté, c’est-à-dire la frange largement majoritaire.
Mais, étant habitués aux réflexes de nos anciens bienfaiteurs, cela ne doit pas nous faire oublier de poser la question qui s’impose : pourquoi pousse-t-on à la défiance sur la nature du pouvoir à une étape charnière de l’Algérie ? Pourquoi le ministère français de la Défense s’excite-t-il sur une question dont les détails vont être portés noir sur blanc dans le prochain texte constitutionnel, une fois lus et approuvés par l’ensemble des Algériens ?
Et une fois la question posée, l’annonce et la médiatisation de l’initiative du ministère français de la Défense prend, du coup, plus d’importance et d’éloquence que l’appel d’offres lui-même. Les lunettes françaises s’embueraient-elles précocement ?
Mohamed Zaâf