Vitrine antiterroriste, arrière-boutique islamiste

Il y a quelques jours, Condoleezza Rice déclarait l’Algérie “championne de la sécurité régionale et internationale”. La louange a été perçue comme une consécration du régime par la superpuissance, et donc été largement répercutée par les prolongements médiatiques de la propagande officielle.

Tant pis si les USA s’étaient préalablement rendus coupables d’ingérence en tenant des conciliabules avec des partis de l’opposition au sujet du troisième mandat ! Les éloges sont à prendre d’où qu’ils viennent.

La palme américaine ne pouvait susciter qu’étonnement pour un citoyen informé des accrochages de Tizi Ouzou, qui suivait de près les affrontements homicides de Berriane, appréhendait les heurts annoncés de Kouba… Un lecteur nous signalait la relativité du compliment émis par la secrétaire d’État : son compliment concernait la sécurité “régionale et internationale” sans s’ingérer dans les questions de sécurité “nationale”.

Zerhouni confirmait la pertinence du subtil distinguo, quelques jours plus tard, à Nouakchott, à la conférence des ministres de l’Intérieur de la Méditerranée occidentale. En annonçant l’investissement de quatre milliards d’euros dans la mission de sécurité, il précisait que “ces sacrifices consentis, et qui constituent d’importantes ressources prélevées sur nos programmes de développement, sont également une contribution supplémentaire de l’Algérie au service de la sécurité collective de la Méditerranée occidentale”.

On est donc bons pour la sécurité régionale et internationale. Le même jour, Ould-Abbès annonçait que 13 000 dossiers d’indemnisation relatifs aux “familles démunies, dont des proches étaient impliqués dans la tragédie nationale” et aux “personnes ayant fait l’objet de licenciement pour des faits liés à la tragédie nationale” — entendre les familles de terroristes revenus ou élargis et les terroristes à qui l’on n’a pas pu restituer leur emploi d’avant leur engagement criminel — ont été réceptionnés et que 6 000 d’entre eux ont été traités. La sécurité intérieure, elle, repose sur un budget plus “social” que sécuritaire, un budget ouvert puisque, selon le ministre de la Solidarité, “la liste des bénéficiaires reste, elle aussi, ouverte”.

À la même occasion, le ministre de l’Intérieur a préconisé, en plus du doublement des effectifs de police et de gendarmerie, le développement de l’action médiatique, sans préciser la nature de la communication à promouvoir. Mais si le discours du Chef du gouvernement en constitue la référence, on peut noter que, jeudi dernier, Belkhadem illustre la réforme du discours officiel en ces termes : “Le Coran représente sa Constitution (de la société algérienne) qu’elle n’acceptera point de changer.” Il rejoint par là l’exact point de vue des initiateurs de l’insurrection islamiste. Il ne semble pas embarrassé par l’intérêt qu’il porte tout de même à la Constitution de la République lorsqu’il s’agit de lui faire endosser la légitimité d’un “troisième mandat”.

Mustapha Hammouche
Qui sont donc les ennemis de la Constitution ? Les terroristes ou les mécréants ? Islamiste à l’intérieur, l’État pourchasse les Habiba ; antiterroriste à l’intention de l’étranger, il fait semblant de traquer les Droudkel.

Leave a Reply

You must be logged in to post a comment.

intelligence artiste judiciaire personne algériens pays nationale intelligence algérie artistes benchicou renseignement algérie carrefour harga chroniques économique chronique judiciaire économie intelligence chronique alimentaire production art liberté justes histoire citernes sommeil crise alimentaire carrefour économie culture monde temps
 
Fermer
E-mail It