Quand le temps est l’ennemi de la paix
A première vue, les négociations indirectes israélo-syriennes qui ont commencé en Turquie et qui doivent reprendre «dans une semaine ou dix jours» ne peuvent que susciter l’espoir. Sauf que les choses sont loin d’être aussi simples. Pour les Syriens, il s’agit, officiellement, de récupérer le plateau du Golan occupé par Israël depuis 41 ans.
Pour Israël, il s’agit, toujours officiellement, de briser l’axe Damas-Téhéran. Aucune des deux parties n’est cependant dupe pour croire que de tels objectifs puissent être atteints sous cette forme «indirecte». C’est-à-dire sans se parler ou plutôt par le biais d’un émissaire, en l’occurrence la Turquie, qui fait le-va-et vient.
Ensuite, et à supposer que l’axe Damas-Téhéran existe réellement, ce qui n’est pas du tout évident pour plusieurs raisons, Israël, pour des raisons stratégiques, ne recourt pas à la paix pour régler ses problèmes. Il y a très peu de temps, elle a bombardé un site nucléaire syrien. C’est ainsi que Tel-Aviv réagit à la menace.
Alors direz-vous, pourquoi les israéliens et les Syriens ont-ils accepté de se parler en «turc»? Pour un seul objectif: gagner du temps. La Syrie en a besoin pour reconstituer sa force de frappe. L’attentat commis par le Mossad à Damas contre un responsable du Hezbollah libanais en février et la frappe aérienne israélienne en territoire syrien en septembre dernier ont démontré la vulnérabilité de cet Etat.
Pour Israël, le temps a toujours été partie intégrante de sa stratégie. Depuis bien avant la création de l’Etat d’Israël en 1948. Il n’y a qu’à voir comment, et avec le temps, l’Etat hébreu a pu agrandir son territoire pour comprendre l’importance de ce facteur. Aujourd’hui plus que jamais, Tel-Aviv a besoin de temporiser. Pour faire traîner le processus de paix avec les Palestiniens.
Pour faire oublier ses horreurs commises à Ghaza. Pour se donner le temps du moment propice et repartir en conquêtes. Pour gagner du temps, le Premier ministre Elhud Olmert va très certainement être sacrifié pour justifier le gel des négociations d’Annapolis et surmonter la limite fixée par Bush à fin 2008.
Pendant ce temps-là, le looby juif travaille d’arrache-pied pour barrer la route aux républicains aux prochaines élections présidentielles américaines. Obama était dans une synagogue en Floride, jeudi dernier, d’où il a déclaré son «soutien inébranlable» à Israël.
Il faut savoir aussi qu’Israël a de très bonnes raisons d’être contre toute forme de paix. La première se trouve dans ses efforts de se maintenir dans la position de victime pour «emballer» ses agressions et son expansionnisme dans la légitime défense et les nécessités de sa sécurité.
Un Israélien a été tué par les siens pour avoir voulu transgresser cet ordre: c’était Ithzak Rabbin. Il aura été le dernier à croire que son pays pouvait aller docilement vers la paix.
Zouhir MEBARKI