Berriane ou l’impuissance des partis
Berriane et d’autres exemples d’émeutes ou de conflits tribaux devraient inciter à se poser la question de savoir pourquoi les partis politiques se sont-ils mis aux abonnés absents. Pourquoi ne voit-on que les institutions sur le terrain, et encore celles-ci interviennent quand cela est déjà trop tard.
La démocratie, dit-on, se fait avec les partis politiques. Encore faudrait-il qu’il y ait des partis qui jouent leur rôle : celui, d’abord, de chercher à s’enraciner au sein des populations, et ensuite de veiller à la mise en œuvre du programme appliqué ou à se mettre en position de veille pour ce qui concerne les facteurs de mécontentement populaire, pour ce qui concerne les partis de l’alliance, de constituer une force de proposition, pour ce qui concerne les partis d’opposition. Il faudrait également que l’Etat n’étouffe pas les partis politiques et sache se désengager là où la représentativité populaire doit jouer son rôle.
Il n’y a pas que les partis politiques qui devraient être des acteurs de la démocratie. Les citoyens ont également un rôle à jouer, encore qu’ils jouissent, également, de la liberté de faire et d’agir pour que les associations ne soient pas fictives. Les partis et les citoyens, sans parler des institutions, contribuent-ils à ce que le cap soit maintenu sur la démocratie, qui constitue la seule voie en mesure d’apaiser les tensions même si au début se produit le contraire ?
Avec une entrée, cependant, timide et contrôlée dans le pluralisme politique et plus particulièrement dans le libéralisme économique, il devait en être attendu une plus grande autonomie de l’individu, une tendance à la prise d’initiatives personnelles, et peut-être à l’abandon de la conviction en un avenir collectif et à la solidarité sur le plan des revendications.
L’individu n’est plus lié à la société pour tout attendre de celle-ci, et lier son sort à elle. Et pourtant, pour ce qui concerne les appartenances à une communauté, les mutations politiques et sociales n’ont pas réussi à s’en défaire, ou à en atténuer les liens. Les partis ont été épuisés. Tous ! Toutes catégories confondues.
Au lieu de se convaincre qu’ils ont le sort du pays entre les mains, ils pensent plutôt qu’ils n’ont pas les moyens d’intervenir en tant qu’acteurs influents, sachant qu’ils ne sont pas du tout incontournables pour tout ce qui devrait se décider et se faire à la fois sur le plan local et national, et sur le plan de la politique extérieure.
24-05-2008
Sofiane Idjissa