UNE PETITE FENÊTRE POUR LE LIBAN
L’accord interlibanais adopté à Doha ne soulage pas seulement le peuple de ce pays. Il vient de signifier surtout l’échec des Américains à pousser vers une guerre civile dévastatrice pour ce pays. Bien sûr, le texte de l’accord prévoit l’extension de la souveraineté de l’Etat à toutes les parties du territoire, ce qui signifie la maîtrise des armes et des mouvements du Hezbollah.
Mais dans les faits, la minorité de blocage au sein du gouvernement d’union nationale freinera sérieusement les velléités aventuristes de certains secteurs plus obsédés par les armes de la résistance que par la libération des fermes de Chabaâ prévue par la résolution 1701 ou par les viols israéliens quotidiens de l’espace libanais. Michel Sleimane et l’armée libanaise joueront également un rôle crucial pour le maintien de la cohésion nationale libanaise sans laquelle l’armée volerait en éclats.
Cet accord traduit dans l’immédiat un succès de toutes les forces qui tenaient à l’unité du Liban et déployaient tous les efforts pour conjurer le spectre de la guerre civile qui aurait été fatale à la résistance. Il faut quand même rappeler que pour cette résistance, l’unité libanaise est vitale. C’est elle qui lui a permis de s’opposer à toutes les agressions israéliennes ouvertes ou souterraines.
Elle ne peut se permettre de découvrir ses réseaux, ses armes, ses hommes car le secret dans ces affaires est vital, et pour avoir lu le dernier livre d’Aussaresses, j’en suis plus que convaincu aujourd’hui. Michel Sleimane sera probablement élu dans quatre à cinq jours.
Les parties libanaises ont parlé de vote immédiat mais il faut bien qu’elles rentrent à Beyrouth. L’opposition a commencé à démonter les tentes qui accueillaient leur sit-in permanent. Finalement, la loi électorale de 1960 est reconduite avec des amendements sur le découpage électoral de Beyrouth, et ce sera aux urnes et non pas aux armes de trancher les différends entre les partis politiques libanais.
C’est réellement une grande victoire pour les patriotes libanais et cet accord rendra plus difficiles à exécuter les plans d’agression d’Israël qui rêvait, avec les Américains, d’une guerre civile qui aurait été le prétexte idéal pour intervenir en utilisant tous les moyens mobilisés en douce ou ouvertement.
MOHAMED BOUHAMIDI
