Inquiétantes dérives
Avec une étrange fébrilité, les autorités algériennes sombrent dans une intolérance inimaginable il y a une année et qui balise le terrain aux forces obscurantistes les plus rétrogrades. En effet, depuis plusieurs mois s’est ouverte une chasse aux Algériens qui se sont convertis au christianisme. Voilà que détenir les Evangiles est devenu un délit passible des tribunaux. Une chrétienne algérienne vient d’être traînée devant un tribunal à Tiaret et le juge lui a demandé froidement de choisir entre la prison et la mosquée. Du jamais vu depuis l’accession du pays à l’indépendance.
Mais aucune autorité n’intervient pour mettre le holà à ce climat délétère qui nuit gravement à l’image de marque de l’Algérie, où ce qui lui en reste, d’autant qu’elle vit une descente aux enfers depuis presque une décennie. Aucune voix, malheureusement, ne s’élève pour dénoncer cette « chasse aux sorcières » qui est une grave atteinte à la liberté de conscience et une détestable violation de la Constitution, laquelle garantit le libre exercice du culte. Pourquoi un tel silence même chez les forces démocratiques ?
Qui a donné les instructions pour mener cette campagne contre la pseudo-évangélisation ? La réalité est que nous sommes dirigés par un pouvoir qui nage en plein dans le mysticisme, au risque de voir des régions s’affronter à d’autres régions. Le locataire d’El Mouradia a lui-même exprimé son intolérance en affirmant sa préférence pour l’islamisme contre la démocratie, et c’est peut-être pour lui faire plaisir, si ce n’est pas lui qui a donné les ordres, que les gouvernants ne veulent pas mettre un frein à cette incroyable dérive.
Le peuple algérien est connu pour sa tolérance et pour son respect pour toutes les religions. Il a protégé par exemple les juifs quand, durant la Seconde Guerre mondiale, le régime de Vichy les pourchassait. Cette folie anti-chrétienne vise incontestablement à introduire le wahhabisme au cœur de la société algérienne.
L’Islam est en train de se répandre en Europe et aux Amériques mais, à ce qu’on sache , les autorités de ces contrées n’ont manifesté aucune inquiétude. Et nous avons tendance à oublier que nous crions au racisme, lorsque par hasard des réticences sont exprimées dans une quelconque ville occidentale contre la construction d’une mosquée.
Tayeb Belghiche