Un jour sans…

Quand la société: le système ou le pouvoir en place (appelez cela comme vous voulez) est en panne d’imagination et qu’il n’a rien d’original à proposer à ses millions de sujets qui attendent, la bouche ouverte, qu’on leur refile quelque chose de nouveau pour transformer leur horizon bouché par une quotidienneté sans relief, alors il propose une journée nationale.

Evidemment, vous me direz qu’il n’y a rien d’original dans tout cela puisque depuis que le dialogue existe entre la base laborieuse agissante et le sommet pensant, de nombreuses journées sont organisées pour célébrer ceci ou cela, pour faire réfléchir le commun sur l’importance de la banalité, enfin, pour mobiliser une société qui a tendance à se laisser aller au désespoir à force de déception. Or, ne voilà-t-il pas que des esprits malicieux ont inventé «une journée sans».

N’allez pas croire qu’il s’agit d’une manifestation d’une catégorie de professionnels qui trouvent qu’on ne les laisse pas profiter assez du cochon de payeur qu’est le client.

Je vois déjà votre esprit perspicace cliquer sur le mot taxi…Non! Il ne s’agit pas de ces chauffeurs de taxi, patentés ou clandestins…Une journée sans taxis, mon Dieu, c’est gênant mais pas dramatique.
Ce n’est pas aussi une journée sans cigarettes, chaque année, des milliers de fumistes font le serment d’ivrognes de ne plus polluer leur environnement…

Personne ne peut aujourd’hui prétendre mesurer l’impact de cette opération salutaire sur les poumons des nationaux.

Pas plus qu’une journée sans pain, sans viande, sans eau ne serait originale puisque beaucoup d’Algériens peuvent nous raconter à loisir leurs journées sans.
Ne parlons pas des journées sans amour…Les frustrés des choses du coeur en savent long. Sur ces périodes ternes…

Mais une journée sans voitures ne peut que réunir les suffrages de la multitude. C’est d’abord un ballon d’oxygène pour les citadins, ensuite une occasion pour les flemmards de laisser leurs voitures au garage ou sur le trottoir où elle sont parquées et aller se dégourdir les jambes. Cependant, une journée sans voitures serait profitable si, à côté, il y avait un renforcement et une amélioration des transports publics.

Comme il y a eu une opération «contrôle technique» pour les véhicules, une opération «confort» devrait être appliquée à toutes les épaves roulantes qui laisseraient souvent les pauvres voyageurs, naufragés, sur le bord de la route.

Et puis, tant qu’on y est, «une journée sans» accident, corruption, harcèlement judiciaire, détournement, démagogie, inflation, enfin tous mots qui font mal au simple citoyen, redonnerait un élan nouveau à l’espoir assoupi. En attendant, bien sûr, une journée sans hypocrisie.

Selim M’SILI

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