Visa pour l’oisiveté !
Les pouvoirs publics croient avoir trouvé la potion magique pour résoudre le chômage endémique, voire épidémique parmi les bataillons de diplômés universitaires. La suppression de l’exigence de la carte militaire pour les demandeurs serait donc le principal frein d’après les conclusions des « spin doctors » du gouvernement.
Mais il y a tromperie sur la marchandise dans le décret signé par le Président, en ce sens qu’il est tout de même exigé du jeune diplômé de fournir une pièce justifiant sa situation vis-à-vis du Service national. En clair et en décodé, si le jeune prétendant au poste n’est pas quitte avec le ministère de la Défense, il ne pourra pas être « enrôlé » dans une entreprise ou une institution de la République.
L’hypothèque du Service national n’est donc pas totalement levée. Et même si ce chômeur de luxe arrive à enjamber cette barrière défensive, il devra faire face à l’infranchissable « expérience professionnelle de cinq années » dressée comme un épouvantail par les valeureux DRH des boîtes publiques et privées.
C’est dire que la trouvaille du Président ressemble fort à un cautère sur une jambe de bois et ne vaut que par son effet d’annonce en cette période de précampagne électorale pour la présidentielle de 2009. Il y a, en effet, un réel soupçon de vente concomitante dans cette mesure qui, comme par enchantement, est couplée à une autre mesure non moins populiste qui consiste à offrir quelques dinars de survie aux jeunes diplômés via ce RMI à l’algérienne en guise d’insertion professionnelle, renouvelable une seule fois.
A défaut de créer de l’emploi durable par la croissance économique, l’Etat puise quelques sous de sa rente pétrolière pour s’acheter la paix sociale de cette catégorie de citoyens si précieuse pour ses projections politiques à court terme. Il faut reconnaître que le gouvernement ne manque pas d’imagination dans sa façon de corrompre le peuple.
Après les fameux contrats préemploi, il lance la mode RMI en vogue en France pour se mettre à niveau et à la page…sauf que ces mesures populistes et électoralistes ne peuvent cacher l’incroyable gâchis économique qu’il entretient depuis huit ans de gestion à tâtons.
Et c’est apparemment tout ce que peut offrir un pouvoir qui exhibe avec une infinie arrogance ses milliards de dollars pendant que des milliers d’Algériens fourrent le nez dans la poubelle. La multiplication des émeutes dans des régions insoupçonnées jusque-là témoigne de ce grand fossé qui sépare l’Algérie utile du pouvoir et sa périphérie, de celle futile peuplée de ces cortèges d’émeutiers, de révoltés, de « harraga » et autres laissés-pour-compte.
Les milliers de harraga de Annaba, de Tiaret, d’Aïn Témouchent, d’Oran, d’Alger et d’ailleurs n’ont, au demeurant, pas attendu l’obtention de leur carte militaire ou ces modiques 10 000 DA pour se jeter à la mer. Leur message politique est trop fort pour être réduit à de simples mesures bureaucratiques. Et il serait criminel de ne pas vouloir le décrypter.
Hassan Moali