Tourisme politique
C’est une formule qui, jadis, avait fait florès et fait remarquer son auteur, au sein de la multitude de jeunes loups sortis de la clandestinité politique. Toutefois la victime de ce trait perfide ne méritait nullement cette injure tant son parcours fut digne et sans tache. Mais la politique c’est aussi cela: la fin justifie les moyens, même les coups au-dessous de la ceinture.
Aussi, ce n’est pas cet incident mineur de landernau politique qui me fit penser à cette formule, mais plutôt, la dernière sortie de M.Chérif Rahmani, ancien gouverneur d’Alger et actuel ministre de l’Aménagement du territoire, de l’Environnement et du Tourisme, distingué plusieurs fois par les associations internationales pour son action et ses initiatives dans la défense de cet environnement agressé de partout, depuis quatre décennies au moins.
Il faut dire que ce vieux briscard, outre la maîtrise des domaines qui lui sont confiés est un spécialiste de la communication. Il utilise tous les moyens existants, classiques et modernes, écrits ou audiovisuels pour faire connaître ses projets. Il ne lui manque que les trompettes de Jéricho et la zorna de Boualem Titiche…
Pour ce qui est de la politique touristique, en Algérie, le défi est majeur et les travaux d’Hercule à côté, c’est de la roupie de sansonnet.
Pourtant, ce magnifique pays, que Dame nature et l’Histoire, ont doté de sites aussi divers que pittoresques, n’arrive pas à être attractif pour les touristes munis de devises sonnantes et trébuchantes.
Ni les mille deux cents kilomètres d’une côte escarpée aux plages sablonneuses ou aux criques discrètes, ni les montagnes aux forêts de cèdres, de pins ou d’essences rares, ni les parcs sauvages ou protégés, ni les parcs humides, ni les fresques du Tassili, ni les paysages grandioses du Hoggar, ni les ruines romaines, ni les palais turcs, ni le climat, ni tous ces lieux qui racontent trois mille ans d’histoire n’arrivent à attirer l’attention des agences touristiques étrangères.
Et pour cause. Les infrastructures inexistantes ou désuètes, des moyens de communication dérisoires, des routes mal entretenues, des services minables, des prix exorbitants malgré la faiblesse chronique du dinar ne concourent pas au succès du secteur touristique.
Et pour couronner le tout, il faut ajouter un environnement où terrorisme, banditisme, délinquance et intolérance se livrent une concurrence sans merci.
La tâche sera rude. Espérons toutefois que les cadres désignés pour animer les Maisons Algérie à l’étranger, ne feront pas comme nos représentants: du tourisme politique.
Selim M’SILI