Kouchner et le QI des Algériens
Prenez cette Méditerranée que Sarkozy veut unir. Secouez de tous les côtés et cherchez des pays qui échappent à l’emprise, à la domination ou à l’influence des Etats-Unis et de l’Europe. Il en existe trois qui y échappent à des degrés divers et avec des politiques nationales très différentes : la Syrie, la Libye et l’Algérie. Le seul point commun à ces trois pays est leur relatif refus de reconnaître Israël avant une solution au problème palestinien.
Tout le reste soit appartient à la zone Otan, Turquie en tête qui ne veut pas du «Club Med» de Sarkozy selon le bon mot d’un diplomate turc, soit est au garde-à-vous derrière les Etats-Unis ou l’UE. De ces trois pays, l’Algérie est le seul qui peut poser problème au projet de Sarkozy.
L’Union pour la Méditerranée peut exister en l’absence de n’importe quel pays du pourtour méditerranéen y compris la Turquie, mais pas sans l’Algérie. Sans notre pays et pour des raisons historiques, politiques, géostratégiques, Sarkozy réunira à Paris qui il voudra ou pourra il ne produira aucune plus-value car tous ont déjà renoncé à l’idée de souveraineté nationale et de défense de l’idée d’Etat-nation et tous se placent, pour les pays du Sud, sous tutelle française ou américaine.
Malgré des concessions inexpliquées et inexplicables sur sa souveraineté comme dans l’épisode de la loi sur le pétrole, de la signature de l’accord d’association avec l’UE, de l’intégration de certains programmes de l’Otan, notre pays n’a pas renoncé à l’idée d’une souveraineté nationale et à l’idée d’une défense de l’Etat-nation seul capable d’intervenir pour promouvoir une économie nationale fondée sur le développement des capacités nationales de production.
De grandes résistances existent encore malgré les illusions néolibérales qui nous coûtent 10 milliards de dollars de transfert au titre des profits des entreprises étrangères et l’effondrement de pans entiers de notre industrie nationale.
La bataille autour de cette question d’Etat-nation n’est pas encore gagnée pour les milieux impérialistes et l’Algérie reste pour la France le marché garanti et le plus juteux de la Méditerranée avec des importations de produits français pour près de 17 milliards de dollars en 2007, selon certaines estimations, avec un quasi monopole dans certains créneaux comme le médicament, puisque la France a trusté 75% du un milliard 400 millions de dollars pour le médicament.
Bien sûr, l’équipe de Sarkozy nous abreuve de compliments : partenariat d’exception, etc. La réalité est que c’est un partenariat des profits d’exception. Pour le reste, Renault investit au Maroc et Sarkozy soutient le Maroc. Rien qu’à l’examen de ces deux faits, il apparaît combien la France tient pour acquis son droit à nous rouler dans la farine. Mais ce n’est pas tout.
Sarkozy a clairement indiqué les trois axes-clés de sa politique étrangère qu’il imprimera à l’UPM et auxquels l’écrasante majorité des pays méditerranéens adhèrent : un politique anti-chinoise économique et politique, une politique anti-iranienne absolue et la prééminence absolue d’Israël et de «sa sécurité». Qu’avons-nous à gagner à nous joindre à Israël et à considérer l’Iran comme notre ennemi principal ? Rien !
L’UPM n’aura aucune réalité sans l’Algérie mais l’Algérie dans l’UPM n’existera plus en tant que pays indépendant. L’équation est simple. Bernard Kouchner nous prend pour des imbéciles quand il proclame sa conviction que les Palestiniens auront un jour un Etat.
Mais pour Sarkozy, la présence de notre président aux côtés des Israéliens pour discuter de projets communs avec eux sera forcément une victoire politique éclatante qui ne lui aura coûté que des mots et qui ruinerait pour toujours notre indépendance et notre souveraineté.
Sarkozy et Kouchner savent très bien que nous ne pourrons plus en sortir sinon au prix d’une résistance acharnée et coûteuse à toutes leurs menaces, y compris militaires. Il est temps d’en prendre conscience. En juillet, il sera trop tard, vraiment trop tard.
MOHAMED BOUHAMIDI
