Algérie Télécom ; haut débit de P-DG
D’après un responsable du ministère de la Poste et des TIC contacté par le confrère El Watan, le conseil d’administration s’est réuni hier pour statuer dans le fond sur le cas de M. Djaziri, désormais ex-président-directeur général d’Algérie Télécom.
L’information ne tient compte apparemment du fait que Djaziri est théoriquement le président de ce conseil d’administration et qu’il n’est plus un cas puisqu’il a été démis de ses fonctions. Apparemment non, pas par une délibération du conseil d’administration, mais par le ministre de tutelle qui s’est chargé de notifier au P-DG en question “qu’on avait décidé de mettre fin à ses fonctions suite à un appel téléphonique du secrétariat général de la Présidence”.
Le défilé de P-DG à la tête d’Algérie Télécom continue donc. Continuera-t-il jusqu’à ce qu’on en trouve un qui consente à honorer ces fameuses factures qui datent de 2005 ?
Djaziri ne pouvait pas ne pas faire le lien entre sa révocation et sa convocation la veille, en même temps que ses directeurs des finances et de l’administration, à l’effet d’avaliser “certaines factures d’un montant de six millions de dinars se rapportant à des travaux faits”.
Et il l’a fait. Même s’il ne s’agit que de l’interprétation du concerné, même si la somme ne semble pas à la hauteur des enjeux qui, habituellement, font et défont les hommes du système, il y a lieu de noter, dans cette affaire, qu’un cadre a tenu à donner sa version de son limogeage. La coutume faisait qu’en général, les responsables destitués préféraient le silence, qui préserve leurs chances de réhabilitation, à l’expression qui peut leur attirer le bannissement, voire les représailles du régime.
C’est en ce sens que ce changement de plus à la tête d’Algérie Télécom présente un réel intérêt. Peut-être saurons-nous enfin pourquoi cette institution, et d’autres, sont à ce point voraces de responsables.
Comme d’autres prédécesseurs, Djaziri n’a pas eu droit à un délai raisonnable de probation. Sans entrer dans des considérations de procédures de nomination et de destitution des cadres de gestion du secteur économique, on ne peut que comprendre que Djaziri s’efforce de trouver ailleurs que dans ses capacités de gestion et son action l’explication à son évincement.
Il est d’ailleurs difficile de faire la part de la gestion d’entreprise et de la politique publique dans l’échec d’un secteur qui a été ouvert à la concurrence, alors qu’il était dans un état de sous-développement structurel.
La bureaucratisation des postes et télécommunications avait offert au téléphone mobile un marché de substitution au téléphone fixe sur un plateau. La situation avait préparé au bazar des puces qu’Orascom a avantageusement commencé à écouler avant même d’ouvrir ses lignes, souvenons-nous.
Malgré cela, le taux de couverture téléphonique est toujours parmi les plus restreints du monde et le retard en termes de vulgarisation d’Internet n’a d’égal que le patent échec de l’opération Ousratic.
On peut donc se demander, dans ce contexte qui ne semble pas privilégier l’accès rapide des Algériens au monde des TIC, qu’est-ce qui fait défiler les P-DG d’Algérie Télécom ?
Mustapha Hammouche