Le coup de bélier du gouvernement
Signe encourageant. Le gouvernement s’est aguerri. Il s’est débarrassé des lourdeurs et autres flottements qui l’avaient, quelque peu, handicapé pour faire face aux différentes menaces qu’a connues le marché alimentaire de base comme celui de la pomme de terre, du lait, des céréales, des légumes secs etc. Cette fois, et dès les premières informations en provenance de Tiaret et M’Sila faisant état de difficultés rencontrées par les éleveurs de moutons, un conseil interministériel a été convoqué samedi dernier.
Sa décision «de suspendre totalement l’importation de viandes ovines jusqu’au mois d’août 2008» est, en soi, d’abord et avant tout, une désignation claire de la cause qui affecte le secteur. Le mal est montré du doigt. Il s’agit de la spéculation. Une spéculation malsaine. Une spéculation où l’équation de l’offre et de la demande n’a rien à voir. Une spéculation aux multiples artifices. Un peu comme celle qui fait flamber artificiellement le prix du pétrole. Un piège dans lequel refuse de tomber l’Opep.
Elle refuse d’augmenter sa production. En coupant l’herbe sous les pieds des importateurs en attente du bradage du cheptel qui aurait été forcément suivi par la pénurie, le gouvernement vient de démontrer qu’il a bien appris la leçon. Que tous les coups qu’il a encaissés ont fini par lui apprendre à mieux se défendre. Et donc, qu’il est décidé à rendre les coups.
Parce que nous sommes un pays qui a bien mis ses finances à l’abri, qui n’est presque plus endetté, qu’il a même une aisance financière que lui envie beaucoup. Parce que nous sommes un pays qui a réussi jusque-là à amortir les effets de l’envolée spectaculaire des prix sur les marchés mondiaux des produits alimentaires.
Parce que nous sommes un pays qui a réussi à se prémunir contre le manque d’eau. Pour toutes ces raisons et d’autres encore, il fallait bien que nous soyons attaqués par d’autres biais. Sur le terrain de notre dépendance alimentaire, par exemple. Ce qui fut fait et continue à l’être.
Mais après la parade trouvée pour les viandes ovines, il faut se demander vers quel autre produit sera dirigée la prochaine attaque. Le gouvernement doit persévérer dans son efficacité retrouvée. Il lui faut maintenant prévoir les prochains coups. Ne pas attendre de les recevoir.
Sans être expert, il est à craindre que de nouveaux problèmes d’approvisionnement en céréales peuvent ressurgir. Non point à cause du marché mondial, mais tout simplement à cause du moral bien bas qu’accusent, en ce moment, les cadres de l’Oaic préoccupés qu’ils sont de l’issue des poursuites judiciaires engagées contre eux.
Le gouvernement devrait tenir compte de ce secteur hautement stratégique et répondre à cette question: des cadres inquiets peuvent-ils remplir pleinement la responsabilité qui leur est confiée?
Zouhir MEBARKI