ET LA MORALISATION DU FINANCEMENT DES PARTIS ?
Quand bien même qu’il puisse être soutenu que tout aurait été dit des partis et des hommes politiques, il demeurera toujours que la question du financement des partis n’a jamais été évoquée. On parle bien de l’obligation faite aux élus en fin de mandat de procéder à la déclaration de son patrimoine pour en faire une comparaison avec les biens que celui-ci possédait avant son entrée en fonction, encore que cela n’est devenu qu’une simple formalité compte tenu que rien n’est vérifiable, mais on occulte à la fois la déclaration de patrimoine des partis politiques ainsi que de leur financement.
Quelles exigences s’imposeraient alors à la classe politique dirigeante de parti et quelles idées celle-ci ferait-elle de son devoir moral si la tenue d’un congrès n’offrait pas l’opportunité à la fois de présenter en public un bilan des dépenses et recettes qui inclurait les dons et les subventions ? Tout parti politique n’appartient pas qu’à ses dirigeants même si les populations ne décidaient pas de lui accorder leur confiance. Dès lors que ce parti existe et qu’il aspire à accéder au pouvoir suprême et au pouvoir local, il est en position de rendre obligatoirement compte à la fois aux institutions de l’Etat et aux populations.
Il en est de même pour le financement des campagnes électorales quand on sait qu’il est arrivé que le bruit a couru que des sacs noirs pleins de billets de banque changeaient de main sans le contrôle des institutions concernées.
La question se pose réellement de savoir si des dispositions sont prises à cet effet et si un magistrat est spécialisé dans les questions liées aux relations qu’ont les partis politiques avec l’argent.
Il est bien du devoir de tout leader de garantir la transparence du financement de son parti d’autant qu’il lui est fait obligation de le faire d’après les textes portant sur la création et le fonctionnement des partis politiques. Et pourtant, ce sujet est occulté par les institutions, du moins pour ce qui concerne ce qui a été rendu public, et complètement et volontairement occulté par les chefs des partis politiques. Pourquoi, alors, ne pas impliquer l’IGF dans le contrôle financier des partis politiques comme celle-ci est maintenant concernée par le contrôle des entreprises publiques?
Un parti est bien une institution publique dans la mesure où il se fixe pour objectif de solliciter la confiance populaire afin d’accéder aux commandes des institutions et organisations élues, de devenir ordonnateur des dépenses publiques, de manipuler des sommes d’argent (d’en détourner même en quantité industrielle).
Les électeurs ont besoin d’être éclairés sur les conditions de financement de la vie politique car ils savent bien qu’en fait il ne s’agit pas d’un bénévolat, bien que qu’il soit tenté de faire accréditer la thèse selon laquelle ce sont des motivations patriotiques et non politiques ou politiciennes ou d’intérêt qui mettent les dirigeants de partis en mouvement.
Bachir Benhassen