Hier, l’APN adoptait une loi amendant et complétant l’ordonnance concernant la rationalisation de la concurrence dans notre pays. Un texte qui vise à préserver le pouvoir d’achat des Algériens et qui compte «jeter les bases d’une concurrence loyale dans le marché national sans distinction ni favoritisme, de façon à contribuer à la stabilisation des prix et au développement de l’économie nationale», expliquait M. El Hachemi Djaâboub, le ministre du Commerce.
Des propos qui font clairement apparaître que leur auteur n’a pas le temps de se promener dans les artères ultra commerçantes de l’ex-rue Randon ou de l’ex-rue de la Lyre. Des artères qui surplombent le «port d’Alger», ce lieu aux pouvoirs plus merveilleux que la lampe d’Aladin. Dans ces rues et un peu plus loin, du côté de la DGSN, on brasse quotidiennement des sommes mirobolantes. La concurrence ? On la pratique «sans peur et sans reproches». On y achète «presque pour rien» des articles importés qu’on payerait à un prix autrement plus cher s’ils étaient produits localement.
L’autre problème, c’est qu’à nos frontières, les scanners n’ont jamais été en odeur de sainteté et abusent plus qu’il n’en faut de congés de maladie. Des arrêts de travail qui font que les importateurs d’un même produit soient assujettis à des taxes différentes. Arrivé sur le marché, le produit poursuit son voyage informel et se vend sur le trottoir mieux qu’en boutique.
D’un autre côté, peut-on affirmer avantager le développement de l’économie nationale et parler d’une concurrence sans distinction ni favoritisme, alors que les dés étaient pipés avant même qu’on ne lance la compétition ? On ne peut certainement pas qualifier de loyal le match qu’on oblige l’Algérien, avec sa feuille de vigne à livrer à l’opérateur étranger mieux armé dans tous les domaines.
Personne n’a jamais entendu quelqu’un se dire contre la présence d’opérateurs étrangers qui viendraient faire des bénéfices et contribuer à l’essor économique du pays. Mais personne n’acceptera de bon cœur une domination, de quelque type que ce soit, qu’on offrirait sur un plateau d’argent aux étrangers au détriment des nationaux.
Comme il n’est pas question d’entretenir les médiocres ou d’avantager les combinards. Et pour arriver à l’acceptation d’une concurrence loyale dans le monde économique, il faut peut-être qu’une loi précède et règle la concurrence dans les domaines politique et culturel.
Libérer l’activité partisane, syndicale ou audiovisuelle pourrait bien finir par mener à terme à cette stabilisation qui facilite la gestion et permet les prévisions. Si le FLN, qui avait un monopole sur tout en Algérie, a accepté de se désister de ses privilèges, pourquoi l’UGTA ou l’ENTV continueraient-elles à être des «uniques» ? Se contenterait-on de s’ouvrir sur le seul champ économique ? Qu’en penseraient les émeutiers ?
Mohamed Zaâf