Soltani, Menasra et hadj Moussa
Au-delà de la guerre de leadership que se livrent Menasra et Soltani, le congrès du MSP qui s’ouvre demain, fera, à n’en pas douter, le bilan des années Soltani marqué par le recul d’audience du parti, révélé notamment lors des dernières élections municipales. Et, bien que Menasra et Soltani c’est hadj Moussa, Moussa hadj, il n’est pas exclu que les congressistes sacrifient Soltani marqué par sa trop grande proximité avec le pouvoir. Avec son «cumul de fonctions» contre lequel s’élève Menasra. Avec cette Alliance présidentielle qui manque, toujours selon Menasra, de «partialité et d’équité».
En clair, la désaffection des électeurs proviendrait de la position du MSP dans le camp de la majorité. Il n’est pas étonnant que pour revitaliser le parti, les congressistes optent pour un virage à 180° pour basculer carrément dans l’opposition et espérer reconquérir les voix perdues. Pour que cette mutation soit crédible, il faut changer de leader. Faire sauter le fusible Soltani.
En réalité, Menasra a aussi goûté aux délices du pouvoir lorsqu’il avait en charge le portefeuille de l’industrie. Et s’il est «pressenti» pour conduire le parti hors de l’Alliance et à la périphérie de l’opposition, ce n’est que pure ruse. De cette ruse chère au fondateur du MSP, le défunt Nahnah. Une ruse qui, pourtant, risque de faire chou blanc aujourd’hui. Pourquoi? Le problème n’est ni dans la personne qui dirige le parti, ni d’être ou de ne pas être dans l’Alliance.
C’est un problème de fond que vivent tous les partis de la même mouvance. Toutes les formations dites islamiques ont connu un net recul. Ce n’est la faute ni de Djaballah ou de Soltani seuls. Les Algériens, après une certaine ébullition, sont revenus à leur vraie nature. Celle de leurs ancêtres. Ils sont revenus à l’Islam de la foi. Ils se démarquent de l’islamisme politique qui n’a, jusque-là, réussi qu’à transmettre une image négative de cette grande religion de paix et de tolérance.
Menasra, Soltani, Djaballah ne peuvent pas soutenir qu’ils militent pour propager l’Islam dans un pays où la population est dans son ensemble musulmane. Et si le pouvoir est dans la nature même des partis, ils espèrent y arriver pour des raisons qui leur sont propres. Quant au peuple, il a exprimé son choix.
Si d’aventure le MSP choisit la voie de l’opposition, il connaîtra le même sort que ceux qui y sont déjà. C’est-à-dire un rétrécissement de la base, accentué à chaque consultation.
Limiter un congrès à la «désignation» de Soltani ou à «l’élection» de Menasra n’est qu’une guerre d’intérêts entre deux dirigeants. Des intérêts loin de ceux du peuple.
Zouhir MEBARKI