ILS SAVENT ET ILS LAISSENT FAIRE

Les défenseurs du Parc national d’El-Kala ne désarment pas. Ils viennent de déposer un courrier à la chefferie du gouvernement après avoir, vainement, attendu une réponse à une demande d’audience. Ils ont également écrit une lettre à l’intention des députés et sénateurs. Ces deux lettres portent le même caractère : leur bon sens. Elles en regorgent. A lire leurs arguments et en se souvenant du principe cardinal de précaution, on se demande pourquoi le gouvernement, les députés, les sénateurs restent insensibles à un appel si pathétique.

L’autoroute perturbera profondément la vie si riche et si fragile de cette zone humide. Pourquoi leur dire que cette zone est unique, pourquoi leur dire que des espèces rarissimes y vivent et s’y reproduisent, pourquoi leur dire le parc est une escale précieuse sur le parcours des oiseaux migrateurs ? Mais pourquoi leur dire que la vie est précieuse et fragile, qu’une plante, qu’une fleur, qu’un oiseau, qu’une tige peuvent émouvoir jusqu’aux larmes, nous raconter à leur façon le mystère de notre existence et pourquoi leur raconter la longue attente des enfants tapis dans le silence ombreux des fourrés pour percevoir les pulsations secrètes de la forêt ? Oui pourquoi leur dire tout cela et que chaque être est unique et irremplaçable ?

Pourquoi leur dire que la vie est la source de la vie et que notre vie, pas la nôtre en termes de temps, mais celle de notre espèce, dépend de la préservation jalouse de toutes les formes de vie ? En lisant ces lettres pleines de bon sens, je me suis rappelé les harraga. Et j’aurais voulu écrire de telles lettres pleines de bon sens pour dire au chef du gouvernement, aux députés, aux sénateurs que chaque harrag est unique, que la mort d’un harrag est un peu la mort de sa mère, de son, père, de ses frères et de ses amis et que de loin en loin, elle est un peu la mort de tous ces jeunes qui ne trouvent pas une oreille à leurs cris, un peu la mort de tous ces rêves à la recherche d’une lueur d’espérance, un peu la mort du pays.

Mais à la différence de ces femmes et de ces hommes qui se battent pour le Parc d’El-Kala, je ne sais pas écrire des lettres pleines de bon sens, car mon cœur se déchire de savoir que les oiseaux ou les fleurs comme les hommes meurent toujours de l’indifférence de l’homme et sur l’autel de l’argent et du profit. Continuez défenseurs d’El-Kala, demain, plus tard, dans longtemps, quand le gouvernement ne sera plus là pour empêcher le jugement du crime, quelqu’un lira vos lettres aux auteurs et aux innombrables complices. Oui, ils savaient et ils ont laissé faire.

Mohamed Bouhamidi

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