Santé : le constat et le diagnostic

Le Conseil des ministres a procédé à “un diagnostic sans complaisance” du secteur de la santé. Après avoir constaté que “la tuberculose (…) constitue une préoccupation”, les maladies non transmissibles sont en augmentation, après avoir noté “la vétusté des équipements et des infrastructures”, “l’insuffisance en lits et en personnels de santé” et “l’inadéquation” de la carte sanitaire avec les besoins, le conseil conclut à un “décalage…inévitable (?) entre l’investissement et ses effets sur la qualité”.

C’est le communiqué du Conseil des ministres qui le dit. Il dit qu’il n’y a pas de rapport entre un budget de la santé qui “a amorcé une tendance à l’augmentation depuis 1999”, tendance qui “s’est nettement accentuée en 2004”, et le résultat obtenu en matière de “qualité des prestations et de fonctionnement des services”.

C’est ce constat que le Conseil des ministres appelle diagnostic. L’inventaire ainsi dressé de l’état calamiteux du système de santé, les usagers, dont le conseil a relevé “l’insatisfaction”, l’ont déjà fait. Mais, le gouvernement ne fait pas de diagnostic dans la mesure où il se dispense de tout effort analytique et s’exonère de la question qui s’impose : pourquoi la qualité des soins et de la prise en charge des malades se dégrade, disons ne s’améliore pas, alors qu’on dépense de plus en plus d’argent dans le système de santé ?

Si l’on se contente d’enregistrer que malgré des budgets en croissante augmentation, la situation de nos malades ne progresse pas, on prend l’attitude de l’observateur, pas celle du responsable.
Le Conseil des ministres ne s’embarrasse donc pas de chercher l’erreur.

Il prend acte de l’échec et passe à la réforme suivante, avec à peine cette transition : “Ce diagnostic appelle une réforme profonde du système de santé.” Une réforme, une autre, va s’abattre sur le système national de santé sans avoir pris la peine de se nourrir des erreurs des réformes passées, celles-ci n’ayant même pas été recherchées et recensées. En tout cas, le communiqué du conseil ne fait même pas allusion à quelque erreur de politique ou défaut de mise en œuvre de cette politique.

Et le conseil d’énumérer de nouveaux objectifs et moyens (1 819 milliards de dinars) à mettre en place pour les atteindre… en 2025. Rendez-vous dans quatorze ans pour un autre “diagnostic” avec, forcément, un autre gouvernement !

Le slogan de “l’évaluation des politiques publiques”, de “gouvernance”, fonctionnent comme des gadgets de mode. Nos gouvernants se satisfont de les déclamer. Mais, ils décident de se mettre au dessalement de l’eau de mer sans expliquer pourquoi l’eau de surface ne suffirait pas à nos besoins, de sanctionner les exploitants agricoles qui n’exploitent pas sans dire pourquoi l’argent du PNDA n’a pas relancé la productivité de nos terres, ils vont et reviennent sur leurs initiatives pédagogiques avant même d’avoir le temps de mesurer leurs effets respectifs… Sans parler de la réforme bancaire, invariablement dénoncée, à peine énoncée.

L’évaluation des politiques publiques s’impose du fait même que le gouvernement se réjouit toujours d’agiter les montants alloués à ses réformes et programmes. Car ces montants sont dépensés, que ces politiques réussissent ou échouent.

Mustapha Hammouche

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