Demain.., une nouvelle confédération syndicale ?

Si, jusque-là, il subsistait encore des doutes sur le caractère profondément corrompu de ce syndicat, ceux-là viennent d’être balayés. Sidi Saïd et consorts sont bel et bien des relais du régime avant d’être des délégués des travailleurs. Il a donc fallu attendre un pitoyable congrès pour que les derniers masques tombent et qu’apparaissent dans leurs insoutenables réalités, les complicités politiciennes à l’origine de leur ascension et la longévité de leur carrière.

Dorénavant, l’UGTA ne peut plus se fendre d’une quelconque profession de foi relative au combat syndical dès lors qu’elle souscrit publiquement à la «vertueuse » politique menée par le pouvoir. Solidaire de celui-ci, elle ne peut que prendre acte de la totalité de ses démarches, même les plus décriées par les quelques millions de salariés. En effet, cela fait bien quelques années qu’elle mène en bateau ceux qui, naïvement, continuaient à croire en sa médiation. De bipartite en tripartite, n’a-t-elle pas justement fait accroire qu’elle défendait les acquis sociaux alors qu’elle participait passivement à leur érosion ? Or, cette posture de négociateur dont elle avait fait la panacée n’était rien d’autre qu’un oripeau habillant de compromettantes concessions. En somme, des redditions avec armes et bagages face aux puissants lobbies de la restructuration néo-libérale.

Autrement dit, chaque fois que ce syndicat se mettait à table aux côtés du patronat et du gouvernement, elle accompagnait le bradage au lieu de le contester et surtout de s’y opposer par le recours aux grèves. Un secrétaire général qui se dit vacciné des luttes frontales, leur préférant les molles négociations n’est-il pas le vis-à-vis idéal ? Celui que souhaitent tous les «maîtres de forges», comme on le disait au siècle dernier. Ainsi, au nom de ce dogme fondé sur la consultation et les compromis, il prétend mettre le wagon du social et de l’économie en symbiose. Aveuglante vanité d’un syndicalisme de la trahison qui dénie aux couches les plus fragiles le droit de recourir à l’affrontement quand leur devenir est en péril. Gouvernement sans feuille de route et naviguant à l’estime ; syndicat aux ordres parce que ses dirigeants ne sont pas au-dessus de tout soupçon ; patronat agressif grâce à toutes les franchises qui lui sont octroyées par les nouvelles lois : voilà donc la nouvelle «trinité» sur laquelle se fonde la morale de l’Etat.

Et c’est précisément sur le profond décalage par rapport aux inquiétantes demandes sociales que s’est bâti ce complot auquel participe aujourd’hui un syndicalisme jaune. Devenu un instrument technique sur lequel s’appuient à la fois le système politique et les puissances de l’argent, peut-il encore parler au nom des travailleurs ? Ballottée entre les forces sociales, impatientes à juste titre, et les lobbies d’intérêts qui l’ont corrompue matériellement, cette UGTA ne bénéficie désormais d’aucun crédit. Elle qui, entre le 10e congrès (octobre 2000) et celui qui vient de se tenir, n’a eu de cesse de faire la courte échelle au régime et ses alliés, doit désormais solliciter leur secours pour ne pas sombrer face à la vague des «autonomes». Hier, sans «elle», la puissance publique était sur ses gardes, aujourd’hui sans cette dernière, c’est ce syndicalisme qui risque de signer son arrêt de mort. En effet, qui mieux que cet inénarrable secrétaire général pour savoir que sa redésignation ne l’autorise pas à pavoiser ? Car ceux qui boivent du petit-lait, depuis ce 31 mars historique, sont précisément les syndicats libres confortés dans leur dissidence.

Entre la légalité formelle octroyée à la moribonde «Union» et la légitime concrète qui est dorénavant le signe distinctif des coordinations, il n’y a pas photo ! Le monde du travail, c’est-à-dire celui de la colère et de la contestation, a déjà trouvé ses bons médiateurs. Quand bien même la «maison du 1er Mai», continuera à abriter un syndicat fantôme et quand bien même celui-ci s’efforcera de traficoter les chiffres de ses adhérents son inévitable dépôt de bilan est de l’ordre de l’histoire… future ! Dans le feu du combat et à travers les pôles de résistance, les autonomes apprennent à mieux se structurer. Demain, ou plus tard, ils pourront mettre en commun leurs forces encore éparses et dispersées afin d’accoucher d’une solide «confédération». Déjà qu’ils annoncent pour les 13 et 14 avril deux longues journées de grève indique que les convergences entre les corporations dessinent à grands traits le prochain «unionisme » syndical. Ainsi, l’heure venue, le pouvoir politique et toutes les oligarchies financières n’auront d’autre choix que de changer d’interlocuteurs. Alors, dans une funeste indifférence, l’UGTA, version Sidi-Saïd, sera enterrée dans une fosse commune. Tant il est vrai que les pouvoirs politiques n’ont jamais d’amis mais seulement des intérêts. Il est minuit camarade… secrétaire général !

Boubakeur Hamidechi

Post-scriptum : Maâmar Benmaâri était notre ami. Il vient de nous quitter brutalement. A son épouse, ses enfants et petits-enfants nous leur adressons nos sincères condoléances. A sa sœur, épouse de notre frère en mémoire, Abdelhadi Slougui, nous leur réitérons toute notre émotion.

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