Le terrorisme et les séminaires
Aujourd’hui s’ouvre à Alger un séminaire sur la lutte contre le terrorisme en Afrique du Nord. On ne compte plus les rencontres internationales, régionales et locales sur ce fléau qui s’est abattu sur la terre entière. Le phénomène a commencé par toucher l’Algérie dans l’indifférence du reste du monde.
Durant toute une décennie, notre pays a fait face, dans une abominable solitude, au fléau. Il aura fallu les attentats du 11 septembre pour que le monde se rende à l’évidence et admette que le terrorisme est transfrontalier. Qu’aucun pays n’est à l’abri. Comme à quelque chose malheur est bon et que le terrorisme continue à frapper à travers le monde, l’Algérie aura «gagné» de sa longue lutte en solo une grande, très grande expertise. Elle est sollicitée par toutes les nations pour son expérience.
Un séminaire pour quoi faire? Des rencontres pour quels résultats? Depuis des années que les débats durent, pas un semblant d’actions concertées n’a été enregistré. On ne lutte pas contre le terrorisme en multipliant les tribunes pour faire des exposés, des discours ou des communications. Le terrorisme est par essence actions. Et ce n’est que par des actions que l’on pourra espérer en venir à bout. Des actions à trois volets essentiels: la prévention et son pendant le renseignement ainsi que la lutte proprement dite sur le terrain.
Qu’a-t-on fait jusque-là? Visiblement pas grand-chose puisque le terrorisme frappe durement encore. Il baisse d’intensité ici ou là pour reprendre de plus belle. Ce qui, en définitive, sert la stratégie qui vise à faire baisser la vigilance. Qu’on ne s’y trompe pas, le terrorisme est apparu pour durer. Il durera le temps qu’il faudra pour répandre le chaos sur la planète, sauf si la lutte s’organise réellement pour le terrasser. L’éradiquer.
La prévention est principalement affaire de communication. Il faut que le monde entier démystifie le terrorisme. Il faut que toutes les sociétés soient convaincues qu’il ne repose sur aucun postulat religieux.
A Damas, lors du dernier Sommet arabe, le président Bouteflika a été on ne peut plus clair à ce sujet. Il faut «éviter d’assimiler le terrorisme aux religions ou de le confondre avec les mouvements de résistance pour la liberté», a-t-il martelé après avoir dit toute sa conviction «que seule une démarche collective et globale est à même d’éradiquer ce fléau abominable». Il faut convaincre les peuples sur le fondement mafieux du terrorisme. Pour s’assurer de leur concours et de leur participation sans lesquels le renseignement et la prévention seront de faible portée. Et si l’Algérie est aujourd’hui seule à «dénuder» le terrorisme de son voile religieux, il faut juste se rappeler qu’hier aussi, elle était seule à le combattre. L’avenir a toujours fini par lui donner raison. Alors n’est-il pas temps de passer à l’action? De privilégier la communication aux séminaires?
Zouhir MEBARKI