Sidi-Saïd ou le métier d’“assumer”

“Je confirme et j’assume toutes les déclarations émanant de ma propre personne par rapport à ce sujet (le troisième mandat).” Ainsi réagissait Sidi-Saïd à la question d’une consœur d’El Watan, la veille du congrès de l’UGTA. Ce qui ne peut pas ne pas rappeler un certain “j’assume” qu’il a prononcé au tribunal de Bilda au cours du procès de l’affaire Khalifa.

Il semble donc que la formule, dans la bouche du secrétaire général du syndicat unique, sert à couper court à l’interpellation, qu’elle vienne d’une institution ou d’une opinion publique. Elle le dispense de motiver ses actes et ses prises de position en même temps qu’elle exprime l’indifférence ou le dédain qu’il oppose à toute objection sur ses initiatives et ses faveurs.

En général, cette arrogante expression révèle, chez son auteur, soit la volonté d’endosser la responsabilité toute entière de ses faits, soit l’assurance que ses initiatives sont sans conséquence sur sa condition.

Dans un système comme le nôtre, qui ne repose pas sur la volonté populaire et qui, au contraire, est conçu pour perdurer en dépit de cette volonté, toutes les institutions publiques et parapubliques ont vocation à participer à la consolidation de l’ensemble du dispositif de pouvoir.

La rente irrigue toutes les pièces de l’armature du système. Et chacune est évaluée et rémunérée en fonction de sa contribution à la stabilité générale du système. Sidi-Saïd ne peut ignorer que le pouvoir de la Centrale, comme on l’identifie officiellement, ne vient pas du fait qu’elle représente la défense organisée des intérêts des ouvriers et des employés. C’est le pouvoir qui, en faisant transiter les rapports sociaux par cette Centrale, lui consacre l’autorité que ne lui confère pas sa représentativité.

Quand une structure de base ou intermédiaire ose une initiative, elle est traitée comme un acte de subversion. Et c’est souvent la Centrale qui intervient pour la contrecarrer. L’étouffement permanent du mouvement social doit être ponctué de moments de respiration pour éviter l’explosion. Et dans cette démarche, celui qui tient le bâillon est obligé de le détendre à l’occasion pour ne pas en arriver à l’asphyxie. Ces instants de bouffées d’oxygène, parfois homéopathiques, ce sont les “acquis” de l’UGTA.
Le tout est de légitimer la Centrale en la rendant incontournable pour toute activité syndicale et en la défendant contre les velléités d’autonomie syndicale. À son tour, l’UGTA ne peut lâcher un système dont dépend son existence même.

“La participation à la stabilité de la République”, évoquée par Sidi-Saïd, vise à instaurer la confusion entre l’engagement citoyen de l’UGTA contre le terrorisme islamiste, destructeur des moyens de production, et un alignement politicien pour tel ou tel régime qui revient à un détournement de la fonction syndicale à des fins partisanes. Ce n’est pas ainsi que l’UGTA concourra “pour que l’Algérie avance”, comme il le dit. Ce n’est, au demeurant, pas le rôle des instances résiduelles du parti unique. C’est par leur dépassement que l’Algérie avancera.

Pour l’instant, c’est la régression autoritaire qui est à l’ordre du jour. Et cela, la fonction de toutes les forces dont la survie dépend de la rente et de l’arbitraire est de l’assumer.

Mustapha Hammouche

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