LE FEU VERT
Finalement, à bien examiner les vrais absents du sommet arabe, faussement représentés par des sous-ministres, force est de constater que l’axe des Arabes modérés est passé à l’offensive. Il ne craint plus d’afficher son alignement sur les USA et Israël : la Syrie est le nouveau diable arabe du Moyen-Orient avec «ses» organisations satellites, le Hezbollah et Hamas.
Le président Sarkozy n’a pas boudé son plaisir en disant toute sa satisfaction des absences saoudienne, égyptienne, irakienne, marocaine, jordanienne. Il tient là son sujet : la méchante Syrie, dictature avérée, qui s’attaque à la démocratie libanaise, reçoit le traitement qu’elle mérite des démocraties exemplaires que sont les régimes saoudien, égyptien, jordanien, etc. Je ne sais pas ce que pensent les pays arabes de cette ingérence caractérisée du président français mais je découvre qu’il a bien envie de «se faire» une petite guerre pour asseoir sa stature internationale.
Le couple Sarkozy-Kouchner est par engagement et conviction idéologiques très «ingérence humanitaire» là où doit triompher leur vision ultra-libérale et être combattue toute velléité d’autonomie. Le général italien Fabio Mini a brillamment montré les connivences de l’humanitaire avec la diplomatie et les armées des puissances dominantes et habitées par l’esprit impérial. Mais je crois que Sarkozy s’est mis en tête d’imposer ses vues par la force.
On comprend mieux à sa réaction et avec son habitude de montrer trop tôt les dessous de cartes que les Saoudiens et Egyptiens viennent de délivrer un feu vert quelconque à une action musclée contre la Syrie et contre le Hezbollah. Nous en avions eu un aperçu lors de la dernière agression israélienne contre le Liban. Ces régimes arabes s’empressèrent de la justifier en partageant avec tous les experts, tous les observateurs et les grandes puissances l’assurance d’une opération rapide, propre, sans bavures qui les débarrasserait de la présence d’une influence iranienne.
La décision du gouvernement Siniora n’est pas pour rassurer. L’attaque de Bassorah, principal centre pétrolier de l’Irak, montre à quel point la crise économique qui pointe, la récession qui s’installe, le dollar qui s’écroule pressent les Américains vers des politiques plus agressives. L’étincelle viendra-t-elle du Liban ? Tout le fait craindre.
MOHAMED BOUHAMIDI