Mots du grand large
Vous savez pourquoi on aime à savoir le sens des mots des anciens : c’est parce qu’ils nous disent, en toutes langues, dans leur tourbillon reçu à peine, ce qu’il est bon de comprendre aujourd’hui encore. Ainsi l’une de nos religions d’Algérie, l’Islam, dit tout simplement : « Cherchez le savoir du berceau jusqu’au tombeau. »
C’est pour cela qu’essentiellement on se dit les anciens ils ont eu comme une fécondité d’écoute du grand large pour se dire sous la mystique férule de Tarik Ibn Ziad « on y va vers la côte espagnole, en brûlant les vaisseaux de sorte à n’avoir plus rien qu’à conquérir/vivre ou mourir. » Le raïs de navire est à inscrire bien sûr parmi les premiers harragas – avant terme – de l’Algérie.
Il a eu cet ancêtre vrai de nos compétitions de savoir en le cherchant – sans le savoir bien sûr -, l’instinct fondateur des grands stratèges qui ont participé à donner leur tempo à l’évolution du monde. De ceux, éveilleurs de consciences tout simplement, qui ont aidé à pousser loin leurs « écouteurs » à s’inscrire dans le mouvement du monde.
A quelques petites semaine du scrutin des législatives du 17 mai des voix puritaines ont voulu censurer le mot « kamikaze » : au motif qu’il « n’est pas de nos traditions ». Des pincettes, pour d’un revers de main hypocrite (en fait « Cachez moi cette société que je ne saurai voir ») jeter le bébé avec le bain.
Un voile autre encore pour ne pas voir ce qui se passe ; s’interdire de le penser. Chacun de nos grands raïs qui ont gouverné l’historique société Algérie a eu son idéal de grand large ; avec le souci d’associer à son projet, pour en être proche de représentation, les gens telles qu’elles sont.
Cette société faites de « elghachi », a dit dédaigneux l’autre avant de devenir ministre. Mais qui, cette société, peut mêler sans se dénaturer son horreur du terrorisme dans une marche en fait télécommandée. Cette même société peut très bien penser que M. Belkhedam, omnipotent chef du FLN et du Gouvernement, n’est pas le bon raïs à faire du mauvais humour cette semaine, sur les « Les gens qui tiennent leurs congrès dans les cabines téléphoniques ». Ne serait-ce que c’est parce que cela lui permet d’être encore lui « le raïs », mais seulement d’une barque qui ne mène pas large.
Belkacem Mostefaoui