Diversité politique et conformité culturelle

L’ex-président, toujours membre, un vice-président et deux autres membres de l’Assemblée populaire communale élus de Rouiba viennent d’être placés sous mandat de dépôt. Ce qui frappe dans cette nouvelle, ce n’est pas tant que ces élus soient poursuivis pour corruption. En tant qu’accusés, ils bénéficient de la présomption d’innocence et que beaucoup ont détourné bien avant et bien plus qu’eux. À Rouiba même, le président et les vice-présidents d’une précédente mandature avaient été condamnés pour ce genre de malversations. C’est plutôt la disparité partisane de l’équipe qui retient l’attention.

Le premier est indépendant parce qu’il a probablement une piètre opinion de la moralité des acteurs politiques organiques ; le second est du RND, un parti “nationaliste” né du sursaut redresseur de “la famille révolutionnaire”, un second souffle de Novembre ; le troisième est du FNA, une formation récemment “promue” par un honorable résultat, pour un parti d’opposition, à l’Assemblée nationale.

Bien sûr, les “étiquettes” concernées par l’affaire de Rouiba n’autorisent pas à charger les éléments de ces formations politiques d’une plus grande disposition à la corruption que leurs collègues d’autres partis. Et pour rendre à César ce qui appartient à César, il faut préciser que le système prédateur est d’abord le fait historique du parti unique. Le privilège, le passe-droit et l’impunité de l’abus de pouvoir et de biens sociaux constituaient le ciment de la cohésion du pouvoir depuis l’indépendance. L’article 120, prometteur de faveurs et repoussoir des intégrités avait, un temps, juridiquement fondé cette solidarité de statut.

Cette générosité du système envers les détenteurs de pouvoir, si elle est abusive au plan de la justice sociale et discutable au plan moral, est parfois juridiquement légalisée. La retraite à 100% indexée dont jouissent seuls les fonctionnaires nommés par décrets après seulement dix ans de “décret” constitue une de ces règles rationnellement aberrantes au plan de la gestion des ressources humaines de la haute fonction de l’État, mais rentables au plan politique.

En matière de malversation, le niveau communal n’est pas le plus dévastateur, d’abord parce que l’ “assiette” y est limitée et, ensuite, parce que l’élu y est observé de près par ses administrés.

Au haut de la hiérarchie institutionnelle, la corruption constitue par endroits le véritable liant organique. La probité y est même pourchassée, parce que l’honnêteté individuelle contrarie souvent la cupidité “systémique” qui assure l’interdépendance des individus, des clans et divers compartiments de la construction institutionnelle.

La politique et l’exercice du pouvoir sont d’abord une pratique sociale. Ils mettent en œuvre des valeurs culturelles plutôt que des préceptes doctrinaux. L’obédience partisane, pour être pratique quand il s’agit de jouer au jeu démocratique, se dissout dans la substance corruptive du système : l’intérêt personnel, familial ou tribal rassemble là où les sigles semblent diviser.

Mustapha Hammouche

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