Vrai dialogue ?
L’Algérie s’en tient, comme toujours, à la légalité internationale. Tout comme elle ne s’est jamais aventurée à insulter l’avenir des peuples de la région.
Après les péripéties des négociations avec les Sahraouis, dont la rencontre d’aujourd’hui à Manhasset constitue le quatrième round, voilà venu le temps de l’intimidation ! Tandis que les négociateurs sont autour de la table, le Maroc organise sur le territoire sahraoui, plus précisément sur sa façade maritime, des manœuvres militaires. Sont elles une simple démonstration de force ou expriment-elles une logique de guerre ? Tout porte à accréditer l’idée que le Maroc est en train de faire de nouvelles offres de service aux Occidentaux en se plaçant comme le pivot de leur géostratégie dans la région.
Pour l’Espagne, dont la responsabilité sur son ancienne colonie est toujours entière, il s’agit de lui montrer que le Maroc peut être le rempart de l’émigration clandestine. Le Maroc tente, par ailleurs, d’entraîner l’UE qui a déclaré la guerre à ce phénomène. Le Maroc propose également un dispositif régional pour les États-Unis qui ne sont pas encore parvenus à trouver un port d’attache pour la surveillance du Sahel dans leur guerre antiterroriste. On comprend mieux l’agitation subite du Maroc pour “le réchauffement” de l’UMA. Des déclarations semées à tout vent, mais sans que soit avancée une quelconque initiative pour passer aux choses concrètes et convoquer un sommet. Aux yeux du Maroc, il s’agit de montrer, que l’empêcheur de tourner en rond reste son voisin de l’Ouest, l’Algérie, qui s’en tient, comme toujours, à la légalité internationale.
Tout comme elle ne s’est jamais aventurée à insulter l’avenir des peuples de la région. Dans l’interview accordée à l’agence Reuters, le président Bouteflika s’est gardé de fermer la porte au processus en cours sur l’affaire du Sahara occidental, affirmant qu’“il n’est pas dans la nature de la diplomatie d’accepter l’échec”, persuadé des efforts du Conseil de sécurité de l’ONU pour trouver une solution dans le respect de la légalité internationale.
Bouteflika a, par ailleurs, souligné que les négociations sont “la seule voie pour permettre à la région de trouver définitivement sa sérénité et s’engager résolument sur la voie de l’intégration pour relever les multiples défis de la globalisation”. À l’ONU de convaincre le Maroc, comme l’attendent les premiers concernés, les Sahraouis.
Djamel Bouatta
