Le parler algérien !

M. Abdelhamid Mehri invitait la semaine dernière l’Algérie à mettre un «mur de démarcation» entre elle et les positions des pays arabes sur la question palestinienne. Aux yeux de ce vieux routier du mouvement nationaliste, l’objectif est d’éviter une caution au silence arabe sur la Shoah appliquée finement, cette fois, par les sionistes aux Palestiniens de Gaza. Des propos exprimés en toute simplicité mais qui, pourrait-on dire, reflètent assez fidèlement la pensée du peuple algérien. M. Mehri tenait à préciser qu’il ne s’agissait pas là d’appeler l’Algérie à faire cavalier seul sur la scène arabe.

L’homme adressait un autre appel qui, lui, invitait les différentes organisations palestiniennes à se réunir et à se pencher sur l’expérience algérienne et à en tirer profit pour la réunification des rangs palestiniens. M. Mehri n’adressait pas ses appels à partir d’un des partis qui ont pignon sur rue, qui consomment gloutonnement les budgets et qui sont même, parfois, à l’origine des problèmes de chez nous lorsqu’ils boudent parce qu’ils n’ont pas obtenu la satisfaction intégrale.

Plus fécond que ces formations, M. Mehri lançait ces idées à partir de la rencontre organisée par Machaâl Echahid en solidarité avec le peuple palestinien. Une association sans moyens mais qui, grâce à son sérieux et à sa volonté, s’est forgé une crédibilité suffisante pour prétendre à des hôtes de la trempe de Mehri, Ben Bella et autre Mahsas. Des gens qui ont tenu les premiers rôles dans le mouvement nationaliste, durant la révolution et après l’indépendance. Des gens qui sont, comme tant de leurs compagnons d’armes, marginalisés bien que leurs avis soient importants car plus que jamais représentatifs. Ben Bella, le premier président algérien, dirige actuellement le Conseil des sages de l’Union africaine mais n’a aucun rôle dans son pays.

Mehri, évincé de son Front par un coup d’Etat scientifique, continue, malgré tout, à se rendre utile lorsque les débats sont délicats ou lorsqu’on les veut absents. Il reste, ainsi, l’une des rares personnalités crédibles à continuer à s’exprimer, lorsque nécessaire, dans les étapes charnières de la nation. Ce qui pousse à se demander pourquoi M. Mehri et ceux de son gabarit apparaissent par exemple moins que Sarkozy ou Olmert dans nos médias publics.

Prétendrait-on qu’ils ne soient pas populaires ou respectés pour leurs positions et qu’ils soient aussi honnis que ces responsables aux discours rébarbatifs, clients assidus des caméras et qui raffolent des plateaux pour y débiter leurs craques, chiffres à l’appui, en direct ? Autant Mehri et Cie peuvent intéresser nos populations à la chose politique, autant les autres les en éloignent et, dans le même temps, font fuir la confiance si nécessaire pour ressouder le front intérieur. M. Mehri et les gens de Novembre parlent algérien. Un parler qui disparaîtra forcement s’il n’est pas réinculqué. Et vu ses maigres possibilités, Machaâl Echahid ne pourra être d’un grand secours !

Mohamed Zaâf

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