Un pour quatre
Farouk Ksentini incline pour un rétrécissement de la scène politique qui ne laisserait en vie que trois ou quatre partis. C’est là un avis personnel, disait-il le week-end passé, lorsqu’il s’interrogeait à quoi servirait-il d’avoir 20 ou 30 formations sinon à profiter de l’aide financière lors des périodes électorales. La réflexion de Farouk Ksentini, dont l’ONG relève de la présidence, rejoint en douceur celle exprimée par le président de la République au début du premier mandat quand il se prononçait sur les «anomalies» héritées de la mandature précédente dont le texte constitutionnel.
Finalement, Farouk Ksentini pense comme le petit peuple : dans nos partis, le mercenariat l’emporte sur le militantisme puisque, depuis la Constitution de 1989 jusqu’à nos jours, il n’y a eu que deux Fronts à avoir refusé l’argent public. Mais si jamais on devait obligatoirement rétrécir l’arène politique, comment agirons-nous pour sélectionner 3 ou 4 partis «bio» et renvoyer les partis OGM au vestiaire ? Aujourd’hui, tous ne parlent que d’un seul programme : celui du Président. Se suffira-t-on de la triplette de l’alliance ? Lui rajoutera-t-on le dernier-né des Fronts ? Et que deviendra dans ces conditions par exemple Mme Hanoune ? Elle absente, qui serait prêt à sacrifier son droit au visa et se charger d’alerter l’opinion sur les intentions et le tourisme à la Kouchner ? Des partis qui, aux dernières nouvelles, ont fini par mettre en colère les gens de l’Intérieur jaloux des flirts de l’ambassade américaine à Alger, dont les succès sont aussi inquiétants que l’évangélisation.
Des flirts qui, chez nous, sont classés dans la rubrique la yadjouz puisque l’Etat, à l’image de son peuple, ne tolère que les relations contractées en toute transparence, dans la légalité absolue. Dans cette affaire, Mme Hanoune partage le point de vue de l’Intérieur, et vend la mèche : auprès des partis algériens, les Américains recueillent les explications et émettent des suggestions sur la révision de la Constitution. Bush s’intéresse-t-il lui aussi à une 3e mi-temps ? Le proverbe français qui affirme qu’il n’y a «jamais deux sans trois» aurait-il enfin réussi sa harga vers les Etats-Unis ?
Les Américains n’ont-ils pas suffisamment d’ONG dans le pays pour décharger les gens de l’ambassade d’un rôle toujours mal vu par les réalisateurs locaux ? Et puis, nos partis, fussent-ils islamistes, maîtrisent-ils la question des droits de l’homme mieux que Farouk Ksentini, l’homme capable de vous raconter Guantanamo ou Abou Ghrib mieux que M. La Panique d’Alger lui-même ? Et quel est dans le monde le défenseur des droits de l’homme qui, à part Ksentini, a eu l’audace de proposer de ramener à quatre le nombre des partis politiques en Algérie et donc à le doubler par rapport à celui des Etats-Unis ? Peut-être qu’il ne s’agit là que d’une première étape en attendant de rejoindre les Américains pour constituer à notre tour deux grands partis. Alors là, nous pourrons faire un effort pour devancer tout le monde et réinstaurer… le parti unique. «Erroujoue ila el asli fadhila», non ? Et qu’il y ait un hizb ou sittine hizbs, la déclaration de M. Ahmed Ouyahia à Djelfa n’est-elle pas là pour nous prouver que nous sommes sur le bon chemin ? «L’Algérie n’avance que dans la médiocrité», disait-il après l’avancée électorale notable de son parti, le RND.
Mohamed Zaâf