Castro par Marquez

D’un texte de Marquez sur Castro publié ce février 2008, trop long pour cet espace, je vous ai choisi ce passage qui éclaire quelques facettes du vieux révolutionnaire : «(…) Son aide suprême est sa mémoire et il l’utilise, jusqu’à en abuser, pour soutenir des discours ou des conversations privées avec un raisonnement implacable et des opérations arithmétiques d’une rapidité incroyable. Il a un besoin incessant d’informations, bien mastiquées et bien digérées.

Au petit-déjeuner, il dévore pas moins de 200 pages de journaux. Comme il est capable de découvrir la plus petite contradiction dans une phrase ordinaire, les réponses doivent être exactes. Il est un lecteur vorace. Il est prêt à lire à toute heure tout journal qui lui atterrit entre les mains. Il ne perd pas une seule occasion de s’informer. Pendant la guerre d’Angola, lors d’une réception officielle, il a décrit une bataille avec tant de détails qu’il fut extrêmement difficile de convaincre un diplomate européen qu’il n’y avait pas participé. Sa vision du futur de l’Amérique latine est la même que celle de Bolivar et de Marti : une communauté intégrée et autonome, capable de changer le destin du monde.

Le pays qu’il connaît en détail le mieux après Cuba sont les Etats-Unis : la nature de son peuple, ses structures de pouvoir, les intentions secondaires de ses gouvernements. Et ceci l’a aidé à affronter le tourment incessant de l’embargo. Fidel Castro n’a jamais refusé de répondre à quelque question que ce soit, aussi provocatrice soit-elle, il n’a jamais non plus perdu sa patience. En ce qui concerne ceux qui sont économes avec la vérité, pour ne pas l’inquiéter plus qu’il ne l’est déjà, il le sait.

A un fonctionnaire qui agissait ainsi, il a dit : «Vous me cachez des vérités pour ne pas m’inquiéter, mais lorsque je finirai par les découvrir, je mourrai du choc de devoir affronter tant de vérités que l’on m’a cachées.» Mais, les vérités que l’on cache pour masquer les déficiences sont les plus graves, parce qu’à côté des accomplissements énormes qui donnent des forces à la révolution — les accomplissements politiques, scientifiques, sportifs et culturels — il y a une incompétence bureaucratique colossale qui affecte la vie quotidienne et en particulier le bonheur familial.

Dans la rue, lorsqu’il parle aux gens, sa conversation retrouve l’expression et la franchise crue de l’affection sincère. Ils l’appellent : Fidel. Ils s’adressent à lui sans façon, ils discutent avec lui, ils l’acclament. C’est à ce moment-là que l’on découvre l’être humain inhabituel que la réflexion de sa propre image ne laisse pas voir. C’est le Fidel Castro que je crois connaître. Un homme aux habitudes austères et aux illusions insatiables, qui a reçu une éducation formelle à l’ancienne, utilisant des mots prudents et des tons contenus, et qui est incapable de concevoir toute idée qui n’est pas colossale (…)»

Mohamed Bouhamidi

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