Propagande
Le GSPC, en optant pour les attentats kamikazes, bruyants aussi bien physiquement que symboliquement, a mis les médias devant un dilemme qui est assez simple à solutionner si le professionnalisme est de rigueur.
Faut-il ou non parler des attentats kamikazes ? Cette lancinante question revient au-devant de la scène à mesure que des attentats suicide sont commis. À Tunis, Yazid Zerhouni a livré sa pensée qui n’est pas dénuée d’exactitude ni de pertinence.
Concernant le rôle des médias, il a fait observer que “la façon de présenter l’information sécuritaire peut aussi aider la propagande terroriste ou au contraire l’affaiblir”.
Il est déjà assez rassurant d’entendre un ministre de l’Intérieur, seul habilité, officiellement, à diffuser l’information sécuritaire gouvernementale, faire dans la nuance. On est loin du temps de la censure bête et méchante ou encore des apprentis sorciers qui voulaient réduire le terrorisme au simple effet des médias. Certes, les médias ont une large responsabilité sociale dans le traitement des actes terroristes. Au-delà de la condamnation, qui est un acte politique, subsiste un territoire flou où l’information sécuritaire a prospéré sans garde-fous ou réflexion lucide.
Le GSPC cherche à grossir ses actes par l’effet de loupe que lui donnent les médias. Ceci est une évidence. Celle-ci, en optant pour les attentats kamikazes, bruyants aussi bien physiquement que symboliquement, a mis les médias devant un dilemme qui est assez simple à solutionner si le professionnalisme est de rigueur.
Personne ne peut sérieusement occulter un attentat kamikaze mais en ne laissant pas le fait brut faire exploser l’explication des choses. Informer, expliquer et réfléchir doivent préparer les citoyens à bien saisir les enjeux de la lutte antiterroriste.
Le terrorisme pousse souvent à la fatalité, au défaitisme ou à retourner l’opinion contre l’État. C’est sa fonction secondaire au-delà de l’acte lui-même. Les dividendes médiatiques que le terrorisme récolte sont à la mesure de la compétence des médias à les transpercer et les faire comprendre.
Le soubassement de l’acte terroriste est d’affaiblir, sinon, détruire, le système immunitaire de la société. Pour y parvenir, la violence seule ne suffit pas. La propagande est l’instrument le plus efficace dans cette stratégie. Les médias ne doivent pas seulement criminaliser un acte originellement criminel. Ils doivent participer à priver le terrorisme de sa matrice médiatique en n’épousant pas des thèses invérifiables.
Mounir Boudjema