POURQUOI NOUS FAIRE LANGUIR ?
«Révision de la Constitution. Le peuple ne sera pas consulté.»
Ah bon ? C’est nouveau !
Je suis consterné ! Il se dit un peu partout, et même ailleurs, que le président sortant-rentrant n’annoncera sa décision de gagner les élections de 2009 que «dans quelques jours». M’enfin ! Comment cela se fait-il ? Est-ce que les personnes qui lui ont conseillé d’attendre quelques jours avant de dire «ouiiiiiiiiiiiiii !» ont véritablement conscience de la torture que cette attente va nous infliger ? Savent-elles, ces «lumières», dans quelle profonde détresse elles viennent de nous plonger en retardant l’explosion de notre joie à l’annonce de ce 3e mandat gagné avant la limite ?
Ce n’est pas juste ! C’est une atteinte grave à nos capacités de résistance cardiaque. C’est une agression caractérisée contre notre capital «patience patriote». De quelle manière allons-nous occuper notre temps durant ces «quelques jours» qui nous séparent de l’heureux événement ? Nous sera-t-il possible de nous concentrer sur des tâches quotidiennes ? Anodines ? Banales à mourir si on les compare à l’extase face à l’annonce faite par l’orifice buccal présidentiel d’un 3e mandat ?
S’il vous plaît ! De grâce ! Mettez fin à ce suspense ! Abrégez nos souffrances ! Je le dis avec d’autant plus d’angoisse dans la voix que ces «quelques jours» peuvent mettre le feu aux poudres, «exacerber les tensions sociales», pour reprendre la formule de Monsieur Farouk.
Car le peuple, tout le peuple, le peuple dans son intégralité, sans une seule exception, veut, exige, ordonne que Abdekka rempile. Et je ne suis pas le seul à le dire ! Les deux patrons des deux principales chambres qui constituent la maison Algérie, la chambre haute et la chambre basse, l’ont déclaré lundi : «Le 3e mandat et la révision constitutionnelle sont des demandes du peuple ! » S’ils l’ont dit, c’est que c’est forcément vrai ! Eh ouais ! Ne sont-ils pas tous deux présidents d’assemblées exclusivement constituées «d’élus du peuple» ? Ça veut dire qu’ils savent eux que le peuple veut ce 3e mandat. Ils le veulent tout de suite.
Pas dans «quelques jours». Tout de suite ! Immédiatement ! Fissa ! «Et que ça saute !», pour reprendre l’expression d’un policier rencontré hier, à Thénia, sur les lieux de l’attentat kamikaze qui a secoué la ville et ce peuple qui ne rêve que de 3e mandat. Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.
Hakim Laâlam