Le refus de la noyade…

Voir son fils passer d’une moyenne habituelle de 14/20 à des résultas trimestriels inférieurs à 11/20 inquiéterait n’importe quel père. Ce père en particulier demandera aux profs les raisons d’un tel recul. La réponse fut sidérante : seuls quatre élèves ont obtenu la moyenne, trois filles et ce garçon. Un autre père, lisant et relisant les performances du premier trimestre, n’en revenait pas du 10,66/20 de sa fille réalisant d’ordinaire, et pour les années précédentes du cycle secondaire, des scores supérieurs à 15/20.
«Mais papa, c’est la deuxième note de la classe.

Tous les autres élèves se situent en dessous de la moyenne. » Et les parents en général se révèlent ces inquiétudes de voir leurs enfants patiner devant leur cursus scolaire, plonger dans des résultats médiocres, s’asphyxier à suivre entre 11 et 12 matières, se ruiner la tête à réviser sans bien comprendre, se disperser entre cours de soutien (qui sont la preuve du caractère démentiel de ces programmes !) et cours privés. Bref, l’image la plus proche de la réalité est celle de la noyade.

Nos enfants ont le sentiment de se noyer et ils se noient effectivement avec tout ce que cela accompagne et que nous ont raconté les rescapés : angoisse irrépressible, peur-panique, asphyxie, sentiment de désespoir et abandon des réflexes de survie. Comment rester père ou mère quand on voit son enfant se noyer et qu’on n’y peut rien car, dans ce cas de figure, il ne faut pas affronter la mer mais un Léviathan dont on ne sait plus comment le prendre tant il noie tout le monde, enfants et parents, dans une vie de plus en plus difficile à vivre, dans des difficultés sans fin, dans une désespérance toujours plus profonde ? La grève des lycéens, c’est cela : la réaction d’enfants qui refusent la mort par la noyade programmée.

Et à un moment ou à un autre, la question se posera aux parents de savoir ce qu’ils peuvent faire pour tendre une main secourable à leurs enfants. Je sais bien que des parents ont déjà rejoint le camp du pouvoir et du ministère, et qu’ils estiment suffisantes leurs vagues assurances.

Représentent-ils la masse des parents d’élèves et de quoi parlent-ils s’ils parlent en connaissance de cause ? Mais d’ores et déjà, la reprise de la grève et la ténacité des élèves nous posent le problème de nos propres silences, de nos propres évitements, de nos propres démissions. Une génération qui s’éveille à la lutte et à la vie est toujours un reproche muet à l’inaction des aînés.

MOHAMED BOUHAMIDI

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