Légions étrangères
Ils sont à peine une quarantaine de candidats algériens au combat en Irak, loin derrière les Libyens par exemple et sans commune mesure avec le nombre de Saoudiens, plutôt eux candidats au martyre, c’est-à-dire prêts, selon les Américains, à se faire exploser.
La récente publication par l’armée américaine de ce qu’elle présente comme une liste d’Al-Qaïda, qui recense les profils de plus de 600 “djihadistes” entrés en Irak par la Syrie entre août 2006 et août 2007, reste indéniablement riche en enseignements. Mais ce qui est surtout remarquable, pour nous, dans cette fameuse “liste sinjar”, c’est ce palmarès des nationalités battant en brèche le vieux cliché des “anciens afghans”, que certains veulent reconduire à la faveur du drame irakien pour singulariser l’Algérie sur le chapitre du terrorisme.
Et pour cause, la liste sinjar révèle que dans le monde arabe et notamment au Maghreb, les jeunes Algériens ne sont pas particulièrement portés sur le “djihad”, et se découvrent encore moins des âmes de kamikazes. Ils sont à peine une quarantaine de candidats algériens au combat en Irak, loin derrière les Libyens par exemple et sans commune mesure avec le nombre de Saoudiens, plutôt eux candidats au martyre, c’est-à-dire prêts, selon les Américains, à se faire exploser.
Ces mêmes Américains affirment à propos des jeunes Algériens, dont les noms figurent sur la liste sinjar, que ceux-ci sont loin d’être des martyrs potentiels puisque 93% d’entre eux sont allés en Irak en combattants.
À partir de là, il est peut-être plus difficile de souscrire aux thèses qui inscrivent le terrorisme en Algérie dans le registre d’une opposition politique qui a pris les armes contre l’État, et qui dispose à partir de cet argument d’un réservoir de jeunes prêts à se sacrifier pour les causes défendues par Al-Qaïda au Maghreb islamique.
Si l’on s’inscrit dans cette logique, Tripoli, Casablanca ou encore Tunis seraient autant qu’Alger l’objet d’attentats kamikazes du seul fait que chaque capitale dispose de son contingent de jeunes candidats au suicide pas nécessairement d’accord avec les régimes maghrébins en place. Ceci dit, on retombe fatalement sur ces fameuses “légions étrangères” qui ne vont pas seulement en Irak pour exercer leurs talents. Et dire que certains continuent à soutenir que “la main de l’étranger” est une vue de l’esprit.
Zahir Benmostepha
